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Histoire des tactiques & stratégies militaires

Histoire des tactiques et stratégies militaires

Vous savez à quel point il m'est cher que les citoyens soient le mieux informés possible en tous les domaines afin de pouvoir juger avec pertinence, participer pleinement ou critiquer de manière constructive et en connaissance de cause les décisions de la collectivité. La guerre est quelque chose d'épouvantable. elle n'est pas un but ni une solution en soi. Elle est un instrument au service et dans le cadre d'une ambition politique. C'est à ce titre qu'elle présente un intérêt pédagogique. Voici donc un complément d'information, de quoi vous initier aux arts militaires ....

 

Tortue, tenaille, éperon… Les principales manœuvres des légionnaires romains

Mon article se compose de quatre parties ...

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1 - Extrait du "Manuel du pouvoir et du citoyen" d'Eucharilxtonw - Aspect théorique.

( infra 81 à 85 - 3 ème partie dans le menu)

Extrait - ... Section I - Principes tactiques - infra 81- MDP

 Vous connaissez probablement quelques-unes des fables de Jean de la Fontaine ( …. Poète Français du XVIIE° siècle ) ? ? L' une des plus célèbre marqua la mémoire de nombreux écoliers par un récit extraordinaire, plein de féerie et de morale : C' est l' histoire de "La grenouille qui voulait être plus grosse que le bœuf ". Présomptueux petit batracien qui finalement, aux dires du poète, périt de sa vanité . Cette leçon mérite d' être réfléchie, car elle fixe en quelque sorte les limites de l' un de nos paragraphes avenirs sur "l' illusion de puissance" ... . Plus généralement, car certains principes ont cette vocation de s' élever sur un degré de généralité qui les rendent vrais en tous domaines, connaître ses limites vous permettra d' éviter bien des déboires en stoppant l' expansion de vos entreprises sur des dimensions appropriées . Le meilleur tacticien ou stratège sera voué à l' échec s' il perd cette qualité essentielle de savoir mesurer ses prétentions . Les sciences de la guerre ne sont donc rien à elles seules. Elles sont un complément de votre formation politique et citoyenne en vous permettant de faire valoir des ambitions légitimes ou vos droits, certes au besoin par la force, mais jamais pour le plaisir que procure la force ni pour en faire l' instrument exclusif d' une politique fondée sur ce seul aspect relationnel . L'histoire de ces trois derniers millénaires ne cessa jamais de nous donner des leçons fracassantes et mémorables sur ce triste état de fait. En partant de l'empire Romain qui s'épuisa à défendre ses lointaines frontières Nord, en passant par l'illustre Alexandre le Grand en Asie, Napoléon 1er, qui partit fracasser ses armées contre l'immensité Russe, et pour finir l'intempérance belliqueuse d'Adolphe Hitler qui commis l'erreur fatidique de multiplier les fronts sur un empire fragile hors mesure, à la hauteur de sa folie mégalomane.

L' illustre auteur des fables ( douze livres parus de 1668 à 1694 ) nous fournit un travail intéressant à plus d' un titre . Le premier enseignement réside dans l' habile maquillage métaphorique de ses leçons qui visaient en fait à dénoncer les comportements, tromperies, intrigues et manipulations de ses contemporains . Le second nous révèle, de manière étroitement lié au précédent, le lien existant entre la forme de pouvoir et le mode de censure qui permet d' encadrer la critique, contenir le niveau de connaissance et la circulation des d' informations dans les limites exigées par la continuité du système institutionnel ou conceptuel en vigueur .

Afin d' échapper à la censure, La Fontaine choisit de transfigurer ses morales : Les animaux seront les acteurs de récits fantastiques et poétiques . La liberté de parole est parfois à ce prix dans les pays soumis à une quelconque forme de surveillance . Rassurez-vous ! .... ces images et métaphores ne sont pas l' apanage exclusif de nos aïeuls, la liberté de parole est un mythe que tout le monde défend, mais que bien peu de gens respectent dans les faits ... et nos auteurs contemporains savent faire preuve d' une troublante imagination pour habiller de "politiquement -ou moralement- correct" leurs allégations . Je vous laisse vous replonger un court instant dans quelques-unes de ces anecdotes avant de poursuivre ... .

Nous évoquions ci dessus les limites d' un procédé . Pour ne prendre qu' exemple, il ne faut effectivement pas trop espérer ni abuser des apports de ces techniques. "L' illusion ou l' intimidation", que nous allons examiner dans un instant, ne peuvent être le fondement d'aucun pouvoir .

Elles n' ont généralement de valeur que sur une courte durée pour "gagner du temps"ou sur un plan psychologique pour servir une politique "d' intoxication" des autorités et (ou) personnels subalternes adverses . De plus, un tel subterfuge n' est valable que dans le cas précis ou l' adversaire à "leurrer" ou "impressionner" ne peut avoir une connaissance précise de la "Composition" ni des "Structures" de votre organisation, faute de quoi le stratagème ne serait d' aucune efficacité . Chaque aspect tactique possède donc ses limites ainsi que ses pièges . Il vous faut apprendre à les connaître pour mesurer les cas précis où ils seront de bon aloi . Mon travaille consistera ici simplement de vous en énumérer les piliers, mais il ne relève pas de mon propos de vous en détailler les conditions, paramètres précis où les cas d' application . Vous devez trouver original et peut-être étonnant de tomber sur cet axiome militaire en partant du sujet politique principal . Pourtant, il existe de nombreux points communs dans l' esprit des deux notions .

Il en est de même pour toutes les sciences dont les mécanismes de réflexion font appel à des schémas identiques et utilisant des principes comparables au sommet ultime de leur expression . La stratégie, ainsi que la "tactique" est à l' art militaire ou à la politique ( sens large ) ce que la rhétorique est en quelque sorte à "l' art du discours" : Le cadre d' expression de certains mécanismes relationnels ou conflictuels pouvant s' appliquer à l' ensemble des activités et des rapports entre individus .

La connaissance, vous disais-je précédemment, est à mon sens "indivisible"et les différents aspects qu' elle revêt ne sont que des "adaptations circonstanciées" des mêmes règles générales et abstraites . Les principes que nous aborderons ici, polyvalents et pluridisciplinaires, pourront s' intégrer à la totalité des activités, occasionnelles ou quotidiennes, tant personnelles que professionnelles .

Ils fixeront et orienteront utilement toutes considérations en créant une méthode de traitement de il' information, adaptée selon les impératifs dictés par une discipline spécifique d' application . Il n' y a pas de frontière tangible entre ces différents savoirs, même si, pour vous les décrire, il m' a fallu les intégrer à des cas d' espèces et exemples caractéristiques qui ne peuvent que semer la confusion ... . J' en suis désolé, mais notre langage, comme notre logique, implique de procéder ainsi . Nombreuses règles dont vous avez pu prendre connaissance jusqu'ici dans cette réflexion sont extraites de sciences totalement étrangères au domaine de la politique : Biologie, philosophie, tactique du jeu d' échec, sociologie, technique de vente, astrophysique, ... cela vous choque t-il ?... Faites-en de même !

Débarrassez-vous des préjugés et des cloisons qui jalonnent votre esprit et vous quintuplerez vos connaissances et votre capacité créative . Quant à moi, je suis prêt à vous livrer deux ou trois enseignements issus de la tactique martiale . Je simplifie ici mon approche . La tactique s' échafaude autour de trois idées pivots qui délimitent les phases cruciales de son passage à l' action :

82- § 1- Observer la position et quantifier les ressources adverses // leurrer l' adversaire sur vos propres éléments de forces -

Ce premier impératif conditionne étroitement l' échafaudage des stratégies dites d' espionnage, d' infiltration et de surveillance aérienne ou satellite pour définir la position et la teneur des forces adverses . Ces différentes techniques tentent d' appréhender la volonté et les objectifs de l' état-major ennemi pour anticiper ces mouvements, mais cette prospection peut avoir des effets inverses si l' ennemi démasque l' opération et vous entraine dans une opération "d' intoxication": Les renseignements doivent donc être corroborés par des indices matériels probants ( proportionnels, identifiables et convergents : Il ne s' agit pas de conclure la direction d' une offensive sur la seule présence de quelques pièces d' artillerie ou d'infanterie, ces mouvements doivent être confirmés par un faisceau d' éléments ) . Cette phase tactique donne toute son importance aux techniques d'espionnage afin de s'informer au maximum sur la dispostion d'ensemble des forces et sur les directions de mouvement du dispositif offensif.

L' aspect psychologique, préalable au combat, consiste à décupler le moral de vos troupes et à saper celui de l' adversaire en lui faisant parvenir des informations de nature à le mettre en doute sur le bien fondé de ses motivations ou sur le potentiel comme la férocité de ses forces armées comparé aux vôtres, ... informations qui seront de nature à susciter l' effroi et la paralysie, déterminantes au combat !

A -La démonstration de force usurpée ( démoraliser les troupes adverses par ...) :

Cette technique touche d' assez prés le concept contigu et typiquement militaire dit de "dissuasion". Notre hypothèse se donne l' ambition d' engendrer un résultat sensiblement équivalent en laissant planer le mythe d' une puissance aussi redoutable qu'efficace . La manœuvre consiste parfois en une pseudo- démonstration de force, qui aura valeur d' exemple, d' intimidation ou d' avertissement auprès d' une population ( sens statistique ) à mettre en garde ou impressionner . L' opération portera évidemment sur un "ennemi" choisi et prédéfini par vos conseillers en fonction d' un risque mesuré . L' issue de l' opération ne doit faire aucun doute .

C' est sur ce point que s' opère la distinction avec sa notion jumelle : La "pré définition" et le "calibrage" du risque face à un ennemi "construit" et choisit sur mesure, ... subjectivement présenté comme une puissance redoutable alors que ce n' est matériellement pas le cas . Les informations résultant de la joute, dont le résultat semble déterminé par avance, seront largement diffusées par vos médias pour leur donner plein essor . Bien menée, l' opération donne de bons résultats : Vous forger une réputation de meneur, et conquérant avec lequel il ne faut pas se mesurer sous la peine de subir d'importants dommages . Elle suscite l' admiration par la crainte, procure au vainqueur une image de force et solidité qui impose le respect .

Le procédé est cependant susceptible de travers dans l' hypothèse ou l' adversaire parviendrait à se faire une part de gloire malgré votre succès ( victimisation, statut de martyr, évocation de l' aspect héroïque de la lutte, révélation de la supercherie ), vous devez donc prévoir ces déviances par un cumul de stratégie ( contrôle de l' information - division - isolation - discrédit...) . L' affaire doit par conséquent être bien pesée car la moindre erreur sur un paramètre peut entrainer la débâcle médiatique, l' aspect psychologique ne devant pas être sous-estimé... il se trouve être la clef de la réussite des conflits modernes . Les tactiques globales mettent en jeu le caractère aléatoire de l' issu d' un combat . La logique militaire est effectivement probabiliste : Carl von Clausewitz ( général et théoricien militaire prussien - XIX° ) évoquait cette considération en ces termes : << ….Chacune des deux parties tâchera de prévoir l' action de l' autre en tirant ses conclusions du caractère, des institutions, de la situation et des conditions où se trouvent l' adversaire, et y accordera la sienne propre en se servant des lois du calcul des probabilités >> . L' histoire de la guerre est pleine d' exemples révélant des décisions fatales qui résultèrent d' une méconnaissance ou d' une mauvaise prévisions des intentions et des capacités de l' adversaire . Bien évidemment, l' hypothèse militaire peut tout à fait être adaptée au milieu politique, par exemple au travers d' une prétendue lutte avec un adversaire ambitieux de la même famille ou parti politique (... candidat évidemment sélectionné parmi les plus incompétents ou les moins dangereux ! ) qui convoiterait votre poste afin de lui infliger une sévère correction dans les règles de l' art et donner l' illusion que vos prérogatives peuvent être disputées, mais sans succès, selon un mode ( pseudo-) démocratique . La débâcle de cet infortuné devrait amener les ambitieux à pondérer leur volonté de se mesurer à vous .

B -- Inciter un adversaire "caché" à sortir de l' ombre -

Il est particulièrement difficile de se battre contre un adversaire invisible ou caché menant des actions de type terroristes ou souterraines, sans laisser d' identité, de traces ni revendications . Pourtant cette situation délicate est loin d' être une hypothèse d' école, ce peut-être dans le cadre des relations internationales où des ennemis à votre cause se ligueraient secrètement pour peser et ainsi agir à votre encontre; mais encore dans l'hypothèse interne où une équipe concurrente mènerait des actions souterraines pour déstabiliser et mobiliser l' opinion publique contre vos structures .

Ce contexte est certainement le plus délicat pour l' autorité qui sera dans l' obligation de tendre un dispositif ou un quadrillage physique complexe réduisant par ailleurs les ressources disponibles et créant un climat "policier" défavorable à l' image de celui qui l' entreprend ( technique subversive adoptée par la résistance Française après la défaite des troupes conventionnelles lors de l'invasion Allemande ) .

- Il est donc nécessaire de mettre au point une stratégie de révélation qui consiste, pour l' autorité souveraine, par l' intermédiaire des "services spéciaux"( ? ), soit en de fausses actions, revendications, rumeurs, allégations ou accusations, qui obligeront le groupuscule à révéler ses caractéristiques et motivations pour ne pas être décrédibilisé, soit dans l' élaboration d' un piège ( avec un appât choisit sur mesure en fonction des dernières actions : le but consistera à cerner les critères des cibles visées par l' adversaire et d' en exagérer la portée de maniére à progressivement cerner, puis canaliser ces agissements . Vous n' aurez finalement plus qu'à l' attendre sur le terrain de ses prochains objectifs ), ou encore en diverses atteintes menées de la même façon sur les intérêts parallèles des suspects potentiels, désignés comme tel par des indices de recoupement, contraignant le véritable auteur à trahir son hostilité, car seul celui-ci pourra interpréter la réplique comme étant liée à ses propres "exactions".

- Par des moyens détournés, il est très envisageable de s' approcher, de cerner, puis de "ficher" les candidats à telle ou telle autre pratique en leur permettant d' exercer quasi-librement leur violon d' ingres au sein de structures établies proposant un accès indirect ou dérivé de l' activité compromettante . Ces institutions seront pour vous un lieu de renseignement et un moyen de contact .

- Pour faire sortir un ennemi tapi dans l' ombre ( ou qui ne montre pas son "vrai" visage ), il suffit parfois de recourir à la "provocation" ou à la "calomnie"( médiatique - conceptuelle - factuelle : De préférence par personne interposée ) - D' autres prêchent le "faux" pour savoir le "vrai" -

La méthode de la provocation est aussi imparable que systématique lorsqu' elle est "généralisée" : Elle devra donc prioritairement s' adresser et toucher les éléments ou adhérents de base du camps adverse; précisément ceux qui sont susceptibles de s' emporter parce qu' ils réagissent avec fougue et impétuosité . Menés dans les retranchements de ce qu' ils prétendent être ou incarné, en les sollicitant sur les points faibles ainsi que sur les contradictions inhérentes au dogme qu' ils défendent, vos détracteurs ne tarderont pas à commettre l' incartade révélant leur "vrai" profil, celui dont vous ferez la publicité afin de les "décrédibiliser" .

- Un adversaire qui refuse d' entrer dans vos circuits institutionnels de dialogue ( ... donc ceux par lesquels vous seriez quasiment certain de parvenir à le "démentir" par le concours de l' ensemble de vos techniques relatives à l' inflexion de l' information ) peut y être contraint en l' entraînant dans une phase "judiciaire" au cours de laquelle ( procédure, instruction, médiatisation et mode de régalement vous y aidant ) il devra répondre de ses actes et développer ses thèses - Cette technique suppose de disposer de services spécialisés afin de traquer les moindres faits et gestes de la cible et de saisir les autorités compétentes à la plus petite incartade . Ce préalable étant engagé, il ne restera plus qu' à le conduire dans votre spirale de l' information : Le voilà piégé !................. ( Cf - infra 165 - notion voisine - " L' incitation à recourir aux procédés institutionnels" ) .

- C - Les procédés "d' illusion" -

"L'illusion", comme la majorité des principes, peut tantôt être considérée sous un angle tactique, tantôt sous celui plus général de stratégie lorsque son procédé revêt une dimension globale et déterminante de l' engagement . Cette technique peut porter sur divers registres :

- Sur un Lieu - de réunion, de passage, d' attaque, de stockage ou production ...

- Un Instant ou un événement - Elle consiste alors à créer un doute à propos d' une date ou l' effectivité

d' un événement particulier, redouté mais attendu (... moment d' une attaque par exemple, à l' instar de

la campagne de désinformation relevant des services secrets des forces alliées précédant le débarquement en juin 1944).

- Un Personnage - confusion de personne ( sosies- ou multiplicité des convois ) afin de protéger des personnalités de premier plan ...

- Un Contenu - forces physiques humaines ou matérielles ( illusion de puissance ), notion

qui nous intéresse ici à l' exclusion de toutes les autres ...

* Illusion positive : Elle consiste à feindre de posséder une force ou un élément inexistant ou exagérer son potentiel pour impressionner l' adversaire; constatez que toutes les illustrations ne sont pas forcément militaires, loin s' en faut ...

. La manipulation comptable ou médiatique :

Les organisations militantes, politiques ou représentatives sont toujours en quête de légitimité par la démonstration de leur potentiel humain auprès des médias et de leurs adversaires . La difficulté majeure réside dans le fait d' une certaine démobilisation des masses concernant les luttes collectives . Qu' à cela ne tienne ! Les stratagèmes permettant de gonfler artificiellement les effectifs ne manquent pas :

Dans un premier temps, on peut commencer par fournir des chiffres surévalués mais invérifiables sur le nombre d' adhérents . Ainsi remarque t-on souvent le décalage significatif entre les chiffres officiels (qui ne sont pas forcément plus objectifs ) et les données transmises par les organismes représentatifs .

Par ailleurs, afin de donner une illusion de masse lors de manifestation, il est toujours possible de fédérer une multitude d' organisations autonomes et indépendantes sous une prétendu cause commune dont vous serez le principal porte-drapeau placé en tête de cortège - vous semblerez ainsi mener un groupe unique . En y réfléchissant bien, il est aussi concevable de transmettre à la presse quelques clichés photographiques judicieusement cadrés par une habile perspective donnant une trompeuse impression

d' abondance . Mais on peut de la même façon et dans le même ordre d' idée concevoir un circuit de manifestation fermé dont les passages cycliques laisse un sentiment d' affluence en tout point du parcours .

. Les forces physiques imaginaires - ( concept principalement militaire )

L' idée consiste à tromper l' adversaire ( ... et surtout de l' impressionner ! ) sur le potentiel de vos forces matériels ou à propos de vos ressources . L' astuce est vieux comme le monde ! Souvenez-vous de ce siège où les occupants d' un château jetèrent les derniers gibiers pour décourager les assaillants de poursuivre leur projet macabre ou de ces plages encombrées de pièces d' artillerie en plastique qui décourageront d' attaquer par la mer . Nous avons tous en mémoire ces reportages d' actualité dévoilant la supercherie de photos satellites où des État-majors procèdent au décompte du matériel blindé, canons ou installations ennemis qui sont en fait du matériel "gonflable" destinées à leurrer l' adversaire sur les lieux de stationnement, le potentiel, le mouvement des forces mécanisées ou la zone de convergence des troupes . Les défilés militaires en terrain occupé n' échappent pas cette règle que nous venons d' illustrer dans le paragraphe précédent : Des itinéraires en boucle donne l' illusion de profusion et décuple l' effet de masse, tout en laissant disponible le matériel opérationnel pour les opérations militaires s' effectuant sur le front .

* L' Illusion négative :

C' est exactement l' inverse de l' hypothèse précédente . La méthode équivaut à cacher l' existence d' une force, d'un allié d'importance qui fera la différence, feindre de ne pas disposer d' une efficacité ou d' un potentiel suffisant - Technique à dominante militaire- qui vise un effet de surprise, en espérant un relâchement de la concentration des troupes ou des positions adverses afin de prendre un avantage en déployant au meilleur endroit et au meilleur moment des forces dissimulées qui feront la différence. 

L ' art militaire utilise en effet un paradoxe surprenant, habilement décrit par Edward Luttwak << Une manifestation courante de l' ingéniosité tactique consiste à accorder une préférence paradoxale au moment le moins opportun et à l' itinéraire le moins favorable... aux voies d' accès les plus dangereuses ( probabilité de résistance ) et cela en vertu de l' essence même de la guerre >>. S' enchaine logiquement sur ce précepte l' idée de "sacrifice"et "diversion" auquel nous avons eu recours à mainte reprise dans les chapitres précédents . Les capacités du matériel à disposition représentent une donnée fondamentale à partir de laquelle les états-majors élaborent l' ensemble de la stratégie offensive et défensive ( portée , vitesse de progression,... ) . Il peut dès lors sembler crucial de cacher (ou leurrer) l' adversaire à propos des données relatives aux technologies mises à disposition sur le champ de bataille afin d' en utiliser le potentiel comme un instrument de surprise ou de surclassement . Dans le cadre de cette logique, il est possible d' échafauder une campagne d' intoxication préalable en montrant des matériels désuets ou archaïques face à l' ennemi dans une bataille sacrifiée, afin de lui procurer un sentiment trompeur de supériorité . Surprendre l' adversaire en portant votre estocade à l' endroit ou de manière inattendue n' est-elle pas une considération générale applicable à l' ensemble des rapports conflictuels ? !

Une illustration parfaite et parallèle de cette méthodologie peut être observée concernant la distribution des ressources lors des périodes électorales où les moyens financiers, forcément limités, sont alloués en fonction de l' observation des affectations adverses; une telle manœuvre de désinformation pourrait avoir la conséquence de démunir vos concurrents sur un terrain déterminant et de vous laisser le champ libre sur une circonscription qui ferait la différence dans les calculs de majorité ....

83- § 2 - Équilibrer les forces :

Seconde étape tactique, cette phase consiste, après avoir dressé un bilan rigoureux des possibilités et potentiels adverses, point par point, à strictement barrer la route ou être capable de répondre à l' offensive ennemie en terme qualitatif et quantitatif ( ... en fonction des capacités et du volume matériel ou humain concentré face à vous sur un espace géographique déterminé ) -

A - Principes généraux -

Même en dehors du champ de bataille, la notion d' équilibre des forces prend une dimension particulière depuis l' avènement des sociétés structurées : Plus que jamais [ ainsi que l' affirme Carl von clausewitz "... la guerre n' est en aucun cas un acte autonome et ( ... ) ne peut être séparée de la vie politique" -

" La guerre est une branche de l' activité politique"], nous nous apercevons que la guerre n' est qu' un moyen au service de l' action politique, ... partie intégrante du phénomène sociétaire .

Que ce soit en temps de paix afin de sauvegarder les centres vitaux d' une menace potentielle, en temps de crise dans l' intention de se préparer à l' affrontement, puis au moments des hostilités pour unir ainsi que coordonner les forces vers ce dessein ultime que représente la victoire, tous les éléments de la structure sociale sont mis à contribution . Le conflit implique bien de la part des belligérants la coordination de tous les moyens disponibles, ... et pas seulement des forces militaires !

En cas d' agression, il faut pouvoir répondre à la menace en temps et au lieu précis où se déroulera l' action . ( En fonction des informations obtenues en phase précédente - ) :

A la première phase succède donc son corollaire de "l' équilibration des forces". La technique ne vaut cependant que si la mise en parallèle n' a lieu avant l' engagement ( ... précédemment au rapport de force physique ) . C' est d' ailleurs une technique à part entière que de prendre un avantage avant cette phase

"d' installation" des forces, par la rapidité d' action ou par une désinformation obtenue au cours de la phase précédente . Ce principe chronologique ne vaut donc globalement que préalablement à la confrontation , mais conserve néanmoins une partie de son efficience pour les forces placées en arrière de la ligne de front et qui attendent, soit de monter à l' assaut, soit de renforcer les lignes ou encore de faire la différence en lançant une offensive majeure .

Lors des combats ( sur la ligne de front - fait ne correspondant qu' avec les conflits classiques ) le mouvement et l' enchainement des opérations fait parfaitement coïncider ces deux phases ( observation & équilibre ) qui tendront progressivement à se confondre, au point d' englober, dans le temps et l' espace, non seulement les premières mais les trois parties que je m' efforcé ici d' énumérer en paragraphes successifs .

Telle sera alors la difficulté pour l' État-major : Éviter l' anarchie menant à la débâcle et savoir méthodiquement restructurer les "lignes" pour maintenir la cohésion vitale du dispositif, ainsi que relancer les offensives successives et nécessaires à la désorganisation des forces adverses .

B - Notion de structures -

L' équilibre des forces m' inspire la notion "statique" de disposition des forces pour assurer un "face à face" efficace et dissuasif sur la future ligne de front .

D' une façon générale, l' organisation des différents éléments de votre armée, les voies et modes de communication, l' interconnexion entre ces composantes déterminent en majeure partie la puissance du dispositif offensif et défensif - Je m' efforcerai aujourd' hui de vous en décrire sommairement ses aspects les plus fondamentaux :

1- Nous commencerons par un constat simple sur la "structure de réalisation" ( organisation des forces économiques - militaires - voies de communication ) : Elle définit l' efficacité du système et doit être prévue de façon continue, bien au delà de l' engagement militaire, dans le cadre d' un plan d' aménagement du territoire pour en faciliter la défense ainsi que celle des organes vitaux ( centre de décision, zone de production, lieu de stockage des matériels militaires, garnisons, etc .. ) .

Ce plan définira l' implantation des structures ( par "zone") en fonction des spécificités du terrain et des ressources - Chaque secteur doit être "autonome" et disposer de l' ensemble des structures nécessaires à sa sécurité ainsi que pour son fonctionnement ) .

2- "Armature du dispositif & Topostratégie": La configuration du terrain constitue le premier élément à partir duquel l' état-major doit élaborer et structurer, tant sa ligne de défense que sa future stratégie d' attaque .

En premier lieu, il est toujours prudent de réduire la zone de contact ( frontalière ) avec des ennemis potentiels - Lorsque la configuration des lieux ne permet pas de satisfaire cet objectif ( montagne - étendue et cours d' eau, forêts, etc ...), il sera possible de recourir à un "espace tampon" . Cette dernière option met en œuvre barrière artificielle, constitué de rempart fortifié ( ex de la ligne Maginot, tranchées ) ... ou matérialisé par une série de villes ( ou villages ) - La situation est idéale lorsque ceux-ci ne peuvent être "violés" par l' adversaire en raison d' une appartenance étrangère aux parties en conflit - qui ralentiront la progression de l' envahisseur ( .. à l' image de certains villages du moyen-âge qui prévoyaient des rues très étroites pour faciliter la défense des lieux, ...jusqu'à ces escaliers dont les colimaçons assuraient une facilité d'opération pour les gardes du palais ) .

3- stratification des structures - Quoi qu'il en soit, la structure du dispositif ne manque jamais d' être "stratifiée" : Les centres décisionnels, les zones productives ainsi que les bases stratégiques où sont entreposées les technologies militaires dites "de supériorité" doivent être profondément enfouis dans votre dispositif et prudemment être protégés par différents procédés ( graduels ) d' alerte et de défense visant à épuiser les intrusions avant qu' elles ne touchent le cœur de votre système ( notion de "poste avancé" et "d' avant garde" - de "force d' interposition et d' interception" ) .

- La "géostratégie" est d' abord une lutte pour les "bases" : La diplomatie doit permettre au prince, par l' intermédiaire de son état-major, de disposer de forces ( notion de "base avancée" ) au plus prés du terrain de crise, même et surtout lorsque celui-ci se trouve à l' extérieur - Ces structures avancées, placées hors de votre zone d' influence directe, incarnent le volet extérieur et nécessaire de votre action .

- La topologie du terrain fait qu' il se trouve toujours des points de passage ou des zones stratégiques :

L' état-major doit y apporter un soin tout particulier ( protection - jonction avec la structure environnante ) lorsqu' ils font déjà partie de sa zone d' influence ( ... et rapidement s' en rendre maître dans le cas inverse, puis construire son avancée sur ces noyaux structurels ) .

4- "Base" et "réserve" : Structures élémentaires du dispositif militaire conventionnel -

* Définition-

La "base" représente <... La zone où sont rassemblées les équipements et les services nécessaires à une action offensives ou défensive ( - dico hachette ) > - C' est la ligne sur laquelle s' appuie et se ravitaille une armée en campagne [ entretient et stationnement du matériel ] - Il existe différent type de base en fonction de son lieu d' implantation et de son affectation ( Base extérieure, relai, avancée, etc ... ) . La base peut être provisoire si elle répond à un besoin immédiat et ponctuelle, pour les besoins d' une opération particulière ( réunir du matériel et des personnels en vue d' une percée, soutien logistique ) - Le terme s' adresse et reste valable concernant les trois corps d' armée ( Terre - Air -Mer ) .

Importance des "réserves": < ... Ce sont les forces disponibles que le commandement peut engager à tout moment dans la bataille ... ( hachette) > - La réserve à 2 fonctions : Prolonger et renouveler le combat - Servir en cas d' imprévu - Elles peuvent être déterminantes dans certains cas ! : Placées en retrait, derrière la ligne de front ( ... qui font obstacle à l' ennemi ), elles permettront de fournir

les effectifs de supériorité à l' endroit où le commandement décidera de faire converger sa force de frappe; lorsque les informations sur le déroulement de la bataille et l' emplacement des forces auront permis de constater ( de manière certaine - Attention aux opérations d' intoxication et aux pièges! ) un point faible dans la structure adverse .

* Implantation -

Où le commandement doit-il placer ces structures élémentaires en attendant l' engagement ? :

Les "réserves" seront implantées en fonction du théâtre d 'opération : Pour desservir rapidement, et en toute sécurité, la zone à ravitailler -( sans pour autant les exposer directement au feu ennemi - Elles seront donc placées "hors de portée" ) . Il en va de même des lieux de stationnement des troupes et du matériel qui doivent disposer d' une voie de repli, ne jamais être isolés ( du reste de la structure ), ni encerclés ou immobilisés par la menace ennemie .

5- Une répartition harmonieuse des structures - Principe de suffisance -

Les ressources ( militaires ) doivent être réparties selon les foyers de menace - Cependant, aucun point du territoire ne doit être exagérément "dégarni" - en évitant à l' opposé une trop grande "concentration" (.... Équilibre des forces, sous peine de devenir le point faible de la structure . Cette remarque sous-entend que le prince ait conscience de la puissance de son armée pour y adapter la taille de son empire, car la "dilution" des forces ne peut être qu' un point de départ pour la défaite -C' est le principe de "suffisance": En terme quantitatif et qualitatif, les forces physiques [ matériels et hommes ], les moyens de communication et de liaison, ainsi que la logistique doivent correspondre à l' objectif et à l' ambition fixée, en fonction de la résistance prévisible des forces ennemies ) -

6- L' infrastructure - Les éléments de la structure doivent être reliés entre eux par des "voies" de communication fiables, suffisantes et protégées, permettant la circulation des matériels, des personnels et des ravitaillements ( pour compléter les dispositifs, satisfaire aux besoins de ravitaillement et assurer le repli en cas de besoin ) - Les hauts dignitaires de la société romaine, au début de notre ère, furent les premiers à concevoir l' importance des voies de communication pour déplacer les troupes - Des services spécialisés eurent en charge de sans cesse développer et rénover le réseau de routes pavées . Le prestige et la gloire de cet empire démontre l' importance de ce paramètre infra structurel .

7- Dichotomie fonctionnelle - Il est intéressant pour l' état-major de se conformer autant que possible à la structure en "binôme"(... Elle correspond audédoublement de tous les éléments ainsi qu'à une mise en parallèle : Les éléments du dispositif se feront "face à face" et serviront à la fois de sentinelle et de protection l' un pour l' autre ) . Cette méthodologie peut concerner l' ensemble du système, de la base au sommet de la structure : Voies de communication, bases de stockage, dispositif structurel et "offensif", ... jusqu'au légendaire binôme de soldat progressant de front sur le champ de bataille - Le principe semble même faire son intrusion dans la conception des engins !... N' est-il pas classique aujourd'hui pour les techniciens de l' aéronautique de dédoubler les moteurs et les commandes des appareils supersoniques ?

84 - § 3 - "Créer une supériorité" / Créer ou profiter d'une "faiblesse" dans la structure adverse /... défaire une partie de ses positions et lui imposer votre progression .

Ce nouveau postulat s' impose encore au delà de toute démonstration, y compris à l' encontre de nos valeurs morales qui commandèrent pendant des siècles l' observation d' une certaine éthique dans la conduite des affrontements singuliers ( Duel au XIX° siècle ) ! Pourtant, lors des grands conflits, quelle que soit l' époque considérée, les généraux usèrent de toutes les ruses et perfidies pour mener leurs troupes à la victoire ! ... Les grands prédateurs ne font pas plus de cadeau aux troupeaux qu' ils traquent et n' hésitent jamais à s' en prendre aux bêtes les plus "faibles", celles malades ou les moins rapides ! ... Une attaque aérienne n' est décidé que si le commandement peut avoir la conviction de faire intrusion dans la couverture radar ennemie, précisément là où se profile son point faible : Entre ou derrière des montagnes, voire à basse altitude ! ... Mais ne vous imaginez pas à l' opposé que la "société civile" puisse échapper à ce même principe : Lorsque l' avocat défend son client, il s' appuiera sur les lacunes, imprécisions, faiblesses ou contradictions ( qui ne sont rien d' autre que des faiblesses ) des différents textes de lois régissant le sujet ! ... Les grands groupes idéologiques s' affrontent depuis toujours en soulevant les faiblesses du dogme adverse !! ... Les "groupuscules de pouvoir" qui attentèrent jadis aux libertés des citoyens usèrent des faiblesses du système démocratique en cherchant justement les limites des garanties constitutionnelles : Nous avons pu observer, et observerons à maintes occasions, que ces valeurs comportent de sérieuses lacunes (... voire des points faibles ? ) parce que les textes et organes qui en assurent le respect sont régis par des normes "inférieures"( moins protégées !), soit imprécises, soit faisant l ' objet d' une certaine inertie coutumière ou de fait que les textes peinent à appréhender . Bref ! .... Il importe surtout de comprendre le phénomène dans son ensemble . Revenons sur le front - Pour satisfaire cet impératif d' engagement et faire la différence, divers registres tactiques sont à votre disposition :

A -- La diversion -

Elle à pour but de détourner l' attention de l' adversaire (ou concurrent) afin de l' occuper sur une action sans intérêt réel, et bénéficier de l' absence qui en découle sur le terrain que vous avez décidé : Là où se déroulera en réalité l' affrontement .

- Les fausses manœuvres, le sacrifice, « l' intox » - Ce sont les instruments principaux de cette problématique . Le centre d' intérêt doit être déplacé de sa substance réelle et être substitué par un contenu fictif ; l' ennemi doit être irrésistiblement attiré ( ...par de faux intérêts, en sacrifiant quelques pièces ou éléments subalternes dont on sait l'adversaire en quête ) et avoir la certitude que vos priorités ou objectifs se situent sur un "terrain" construit de toute pièce par une stratégie de désinformation ( faux documents et témoignages ) et d' indice matériels trompeurs - ( circulation de matériels et emplacements logistiques artificiels - Engagements sporadiques donnant l' illusion d' une préparation d' envergure sur une zone décalée de celle qui servira de point de passage principale de vos forces. Cette diversion se complète en obligeant l'adversaire à dénuder ses forces de certains points stratgéiques en exercant une pression sur plusieurs zones et intérêts sensibles contigues .

B - Appât - Guet-apens - Effet de surprise -

Les trois techniques sont souvent combinées pour mener une partie des forces adverses dans une embuscade afin de réduire le potentiel offensif global de ces forces sur un point donné et vous donner libre court sur tel autre . Pour ce faire, le commandement à tromper doit être motivé par des indices matériels ou de faux renseignements qui le motivera à chercher un bénéfice ou un avantage immédiat, en fait inexistant ( L' appât : ce peut être la capture de personnalités ou de renseignements déterminants, une victoire facile sur un objectif peu protégé, des ressources dont il se trouve être en pénurie, etc... ). Le piège tendu se refermera lorsque l' ennemi, emmené dans un étau fatidique ou une configuration défavorable, verra fondre sur lui une implacable puissance de feu .

L' effet de surprise peut encore se traduire par l' intervention inopinée d' une force supplémentaire ( numéraire ou technologique ), cachée jusqu' alors et qui vient faire la différence en submergeant les positions ennemies sur un point mal adapté ou en infériorité numérique . D' une façon générale, le principe commande de réfléchir aux actions auxquelles l' adversaire s' attend le moins et de s' engager dans cette brèche . L'illustration la plus significative de ce stratagème réside dans l'exemple antique du "cheval de Troie" : Les troyens, finalement imprudents, introduisirent ce colosse de bois, laissé par l'ennemi, dans leur murs en s'imaginant ramener un trophée de guerre faisant suite aux dix années de siège menées en vain par leur ennemi grec - Mais ce cadeau était en fait un abri cachant des guerriers qui profitèrent de la nuit et de l'effet de surprise pour ouvrir les portes de la cité, jusque-là imprenable . L' armée des envahisseurs emporta finalement la bataille et la ville finit en cendre -

C - Tactique fondée sur l' inadaptation de la disposition des forces adverses -

L' idée repose sur le fait de lancer une offensive sur des pièces dont la disposition ne se prête ni à l' attaque ni à la défense . En effet l' art militaire repose principalement sur une méthodologie quasi bureaucratique déterminant des phases caractéristiques : Montée au front suivie d' un retour à l' arrière après déroulement des opérations; ordres de combat entrecoupés de disposition de déplacement, de mise en joue ou de repos . Ainsi, une puissante et indestructible colonne de chars prête à l' assaut se retrouve totalement inoffensive et démunie en phase de repos ou d' entretien ! Concrètement, la stratégie aboutit à des opérations qui se déroulent pendant le mouvement des colonnes ennemies, pendant la nuit, au cours d' un ravitaillement, etc ... . L'exemple caractéristique peut se voir durant la seconde guerre mondiale dans l'attaque en Mai 1940 : 

L Allemagne nazie voulant envahir la France, elle se trouvait confrontée, au sud, à la ligne Maginot. Comme en 1914, la « meilleure solution » fut donc d'à nouveau passer par la Belgique. Cette dernière avait commencé à construire des fortifications en voyant la menace allemande se préciser, dont le fort d'Ében-Émael était la pièce maîtresse, en surpassant tous les autres forts par sa taille et sa puissance de feu mais également en étant géographiquement idéalement situé. Cette position comportait cependant un défaut majeur : elle se situait en même temps sur la position avancée et sur la position de couvrement belge. Il suffisait donc de passer le fort pour se retrouver derrière deux lignes de défense.

Le plan d'attaque prévoit donc la prise du fort par des parachutistes, les Fallschirmjäger commandés par Rudolf Witzig. Ce sera la deuxième opération parachutée de l'histoire, après l'attaque de la Norvège par les Allemands le 9 avril 1940. Cette opération sera combinée avec l'utilisation d'une arme nouvelle afin de détruire les tourelles : la charge creuse (dont la plus lourde pèse 50 kg). Elles seront posées et amorcées directement sur les tourelles. Le dard (jet de métal à l'état superplastique) perfore le blindage à la vitesse de 10 km/s et tue toutes les personnes à l'intérieur.

Les charges creuses sont sensibles, on ne peut les larguer, avec les pionniers, au moyen de parachutes de l'époque. Elles seront donc portées par planeurs, en l'occurrence le DFS 230 amélioréNote 2, remorqués au-dessus du territoire allemand par des avions Junkers Ju 52/3m.

Une fois lâchés, les planeurs et les pionniers parcourent les 30 km qui séparent la frontière du fort. Leur irruption est synchronisée avec le saut de 85 parachutistes du lieutenant Witzig. Points de départ, Butzweilerhof (au nord-ouest de Cologne) et Cologne-Ostheim .

D - La multiplication des fronts pour diviser les forces adverses  ( La tenaille - L' encerclement - Le contournement suivi d' une attaque à revers ) - désorganisation et harcèlement des arrières de l'adversaire -

Ce procédé tactique fut largement utilisé à toutes les époques et consiste à ouvrir un front direct et d' envergure obligeant l' ennemi à y concentrer, diviser une part importante de ses forces . Pendant ce temps, vous prendrez soin d' organiser un contournement de ce front, et par une seconde attaque ( la tenaille) opérée de préférence par des forces amies ou alliées, vous affligerez l' ennemi sur ces lignes "arrières", là où précisément la structure des forces se prête mal à ce genre d' agression . Il fut procédé ainsi pendant la seconde guerre mondiale contre l' Allemagne nazie en multipliant les fronts, obligeant Hitler à diviser les siennes entre l' Est et l' Ouest . La multiplication des lignes de feu permet souvent de prendre un ascendant dans le conflit . Les techniques d' observations aériennes actuelles ( par satellite ou avion espion ) ont cependant bouleversé les données élémentaires de cette méthodologie : La supériorité technologique du matériel d' action et d' information sont désormais une composante fondamentale à côté des facteurs de "masse" et de "géostratégie". Il peut aussi s' agir de déstabiliser les structures profondes ( logistiques - voies de communication - site de production ou de stockage des matériels - carburants , etc ...) afin de priver le front ennemi de sa substance : Les intrusions commandos, les troupes aéroportées, les bombardements aériens ou par missiles sont les instruments de prédilection pour la réalisation de ce genre d' opération . Un autre procédé peut consister à stopper ou ralentir l'adversaire dans sa progression en l'obligeant à faire marche arrière pour rejoindre un centre névralgique ou jugé d'importance ( ...dont la protection fut délaissé ou négligé dans la fougue de l'expansion ) menacé par vos soins à cet effet -

E - La percée - L' effet de masse & l' apport d' une supériorité matérielle o numéraire sur une zone localisée - //- Combat corps à corps ou tenir l' ennemi à distance -

la percée consistue l'un des fondement historique de la technique des armées Romaines. Elle ne peut généralement se combiner qu' avec une tactique de désinformation, de diversion ou grâce à une discrète manœuvre d' approvisionnement et constitue souvent le point de départ de toute tactique offensive sur la ligne de front . Ce procédé élémentaire s' intègre cependant inévitablement dans une stratégie globale de déstabilisation de l' adversaire en associant diverses actions concomitantes ( portant sur ses arrières, les points de ravitaillement, les lieux de stockage du matériel, etc ) ... pour essouffler sa capacité de réaction sur le point où s' effectuera la percée . Mais encore, cette brèche ouverte dans les positions adverse devra-t-elle s' intégrer dans une perspective et sur un endroit mûrement réfléchi de manière à préparer ou favoriser la suite des opérations ( division des forces adverses, préparations d' une tenaille ou d' une attaque à revers, conquête d' une zone géostratégique pivot, etc ... ) . La manœuvre implique de sélectionner un endroit ( ...que vous aurez... ) fragilisé dans les positions ennemies ou de concentrer des forces offensives en surnombre pour ouvrir un passage conséquent dans la structure adverse .

Ce point de passage ouvrira peut-être un corridor sur la victoire . Parfois, l' avantage provient du transport sur les lieux de l' affrontement, de manière inattendue, non pas d' une supériorité numérique mais d' un matériel qui surclasse la capacité ennemie ( puissance de feu & portée supérieure ) .

- De votre matériel peut donc dépendre le type de stratégie à adopter pour mener l' offensive :

Si vous disposez d' une supériorité quant à la portée de feu, vous utiliserez cet avantage pour !@#$%^&*éner vos coups à l' abri d' une riposte adverse - Par contre, si vous deviez être en infériorité sur cette question, vous opterez pour une stratégie de "contact", voire "d' intrusion"- Vous imiterez ce boxeur aux abois qui empoigne son adversaire pour l' empêcher de taper, ... ou le poulpe qui, démasqué malgré la performance de son camouflage, se jette sur son assaillant dans un sursaut réflexe, animé par l' espoir ultime de sortir vainqueur de cette étreinte mortelle . Voyez encore la tactique Vietnamienne qui consista à terrer ses combattants dans de véritables réseaux souterrains et piéger la forêt, à défaut de rivaliser avec la technologie de ses ennemis occidentaux : La technique fut payante et les mènera à la victoire !.... . Il n' existe donc pas de fatalité, aucun combat n' est perdu d' avance ! ....

F - Une progression efficace et protégée -

Cet objectif comporte cinq aspects concomitants :

. Conserver le plus longtemps possible les secrets de votre plan d' attaque ( préparation discrète ) .

. Frapper à l' endroit et au moment le plus inattendu .

. Marteler, submerger l' adversaire ( Effet de masse : supériorité numérique et matérielle de l' équipement ) sur le point où aura lieu l' offensive.

. Porter un coup décisif dès les premiers mouvements ( L' attaque doit être opérée sur un point clé de la structure adverse, ce qui aura pour effet de déstabiliser la totalité de ses positions . Par exemple en désorganisant les arrières ;en bloquant le mouvement ou le déplacement de pièces stratégiques, voire en obligeant celui-ci à retirer des éléments importants pour les replacer sur des sites accessoires- Cette redistribution ne pouvant qu' engendrer une fragilité .) . Procéder à une avancée harmonieuse et équilibrée - Sur ce point, je vous recommande d' observer la tactique du jeu d' échec et notamment la stratification des forces derrière la ligne de pion : En effet, ce n' est pas un hasard si la disposition initiale du jeu prévoit cette ligne composée de huit pièces assez peu mobile . Cette "avant-garde" ne représente ni un fardeau, ni un obstacle au mouvement des grosses pièces; ... bien au contraire : Elle concrétise le fer de lance, quitte à procéder au sacrifice, pour creuser une brèche dans la structure adversaire tout en protégeant les pièces fondamentales de votre jeu . Revenons à notre sujet - Lors de votre progression en terrain ennemi, il vous faudra consolider et fortifier les positions conquises, ... cette méthodologie vous imposera, entre autres nécessités, de ...

G - Protéger l' arrière et les flancs, assurer un ravitaillement suffisant des troupes et des matériels -

Cette règle impose d' une part de ne pas trop étirer la ligne de front afin de ne pas dissiper outre mesure la puissance et la résistance des forces en lice, mais encore de s' assurer de ne laisser aucune capacité de résistance derrière les positions les plus avancées ( sauf opération du type commando qui a vocation particulière de frapper et de se retirer consécutivement pour fragiliser les structure statiques ou opérationnelles de l' ennemi ), et pour finir de ne point constituer de brèches importantes entre les éléments de votre force en progression car l' ennemi pourrait s' y loger .A mesure de l' avancée des troupes, de véritables réseaux logistiques doivent être constitués avec l' installation de point de ravitaillement réguliers et protégés pour satisfaire les nécessités matérielles . C' est là une des faiblesses des progressions trop rapides ou des Empires trop grands ... de créer des espaces susceptibles d' être "corrompus" par les forces adverses . Impératif vital, c' est aussi une véritable tactique que d' éloigner l' adversaire de ses sources ou point de ravitaillement, en l' incitant à entrer profondément dans vos lignes ( appât ), afin de fragiliser ses structures logistiques pour enfin le juguler sa progression . Maintes armées puissantes et aguerries furent défaites par ce biais et il vous faudra garder en mémoire de ne jamais vous couper des lignes énergétiques .

H - "L' usure" - couper les voies de ravitaillement / de communications - L' état de siège -

C' est un procédé classique qui consiste à vider progressivement et inexorablement les forces de l' adversaire en lui infligeant une série interminable de toutes petites agressions, individuellement sans importance ( ... ce qui ne signifie pas pour autant qu' il faille s' attaquer à n' importe quoi, de proche en proche, les pertes infinitésimales doivent se transformer en véritable carence pour l' adversaire ) mais dont le cumul et la répétition finissent par occuper, saper ses forces, déstabiliser et mobiliser l' ensemble des ressources pour protéger la moindre de ses possessions . Jadis, ce fut le rôle de la résistance Française pendant l' occupation Allemande et particulièrement en préparation du débarquement des forces alliées en juin 1944 . Cette tactique peut donc revêtir un aspect stratégique lorsque, globalisée, elle vise à systématiquement détruire les ressources, approvisionnements et les voies de communications adverses pour le priver de ses soutiens logistiques, comme de toute coordination et l' obliger à renoncer à la poursuite des combats, faute de moyens, d' ordre et d 'information des centre de décisions . L' usure peut aussi se concevoir comme technique d' épuisement d' une attaque adverse . C' est le procédé utilisé par le commandement soviétique pour contenir la déferlante des blindés allemands lors de la dernière guerre mondiale : Une succession de ligne furent dressées face à l' ennemi pour progressivement encaisser, ralentir puis finalement stopper sa progression . La technique, obligeant à une débauche de moyens, humains et matériels, pousse les protagonistes aux confins de leurs possibilités - Celui des deux qui ne peut y satisfaire finira par céder ! Dans notre exemple, l' acharnement, le sacrifice héroïque et le froid eurent raison de l' armée allemande .

Le siège consiste à priver l' ennemi de sa liberté de mouvement, lui interdire tout contact avec l' extérieur et obtenir son asphyxie en le coupant de ses approvisionnements . Mais cette victoire ne s'appréciera que si vous prenez garde que le temps qui passe peut aussi jouer en faveur de l'ennemi si celui-ci parvient à se faire rejoindre par un allié qui vous harcèlera ou s'il peut, de son îlot, vous réserver une mauvaise surprise : Observation et prudence seront de rigueur ! Vous obtenez le même résultat en privant, sans recourir au siège lorsque la zone d' influence ennemie est trop vaste, en détruisant systématiquement les points de ravitaillements ou les voies de communication adverses . Exsangue, l' ennemi n' aura plus qu' à négocier les conditions d' une capitulation .

I - La politique de progression et d' éviction par la "terreur" -

Le principe est vieux comme le monde, mais nos sociétés évolués peinent à le regarder et tendent à l' oublier tant il peut être choquant au regard de nos valeurs morales . Toutes les armées y ont pourtant eu recours ! L' idée consiste à fomenter les éléments d' une pression psychologique qui poussera l' adversaire à reculer ou se retirer par lui-même plutôt que de subir les désagréments de la proximité avec l' ennemi . Pour contribuer à cet effet, les conspirateurs mettront en œuvre une panoplie comportementale et relationnelle de nature à susciter l' effroi chez leurs voisins : Atrocité sur les victimes, mœurs barbares, accrochages récurrents, ambiance délétère lors des rencontres, climat de haine et de ségrégation, politique de destruction systématique par le "feu" sur les édifices et constructions ennemis pour grignoter le terrain, etc ... . https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1967_num_22_5_421605

 J - Tactiques & Attaques fondées sur le facteur temps - ( Attaque commando / "guerre éclair"- principe à la fois tactique et stratégique - )

Manœuvrer une armée reste une opération lourde et fastidieuse même si le déplacement des colonnes et des divisions reste un aspect incontournable de la cristallisation des forces sur le terrain . L' efficacité offensive du matériel moderne ouvre la porte à de nouvelles stratégies fondées sur une agression localisée, aussi prompte que violentes, opérée subrepticement par des forces minimales, puissamment armées, autonomes et déconcentrées vis-à-vis de leur corps d' origine . Ces opérations visent globalement à intervenir rapidement pour annihiler ou s' emparer d' éléments vitaux placés au cœur de la structure adverse, préparant ainsi l' intervention des forces conventionnelles, mais toujours en faisant en sorte que la cible n' ait ni le temps de réagir ni le temps de transmettre l' alerte .

- Section II- Principes Stratégiques -

85- J' en ai retenu une quinzaine qui me semblent de portée universelle et applicables en toutes les circonstances conflictuelles, quelle que soit le domaine ou le registre du rapport de force considéré - ( Jeu, rapport humain, conflit collectif, stratégie militaire ou commerciale, etc ...) . Certains sont issus de la théorie classique, d' autres sont le fruit de ma prospection dans les manuels d' histoire et de politique .

1- Observation et quantification des forces et des protagonistes - Analyse de la stratégie adverse :

Le premier impératif pour échafauder votre futur plan d' action commande de dénombrer les intervenants de la scène considérée, car elle n' est pas toujours militaire, d' identifier la part de ces acteurs qui vous sont opposés, les ententes qu' ils ont opéré, la fraction d' ennemis potentiels capables d' aligner une force suffisante, ainsi que menaçante face à la vôtre et surtout les intentions de chacun . Le but étant de ne pas être pris au dépourvu ( Ne pas perdre l' initiative ), et d' avoir le temps de développer vos divers stratégies avant que "l' offensive" soit engagée, afin de l' empêcher si vous êtes en situation de faiblesse et pour prendre les devants dans le cas contraire . Ce commandement sert donc de canevas à l' ensemble des contacts entrepris sur le plan des négociations politiques ou diplomatiques et justifie l' observation des partenaires, comme des protagonistes par des techniques officieuses relevant plus ou moins de l' espionnage ( sens large ) . Ainsi que nous venons de le voir dans la précédente section, le principe possède son pendant tactique qui consiste à mesurer sur le théâtre d' opération la force, la position et le mouvement des forces ennemies sur le front - Mais plus encore, cet ordre d'idée possède son affirmation dans le déroulement même de la trame guerrière car il est stratégie à part entière de retarder ou éviter l'affrontement physique jusqu'à ce que vos installations, matériels, forces humaines ou conditions politiques ne soient au paroxysme de leur puissance . Mais je trouverai sordide de n' envisager la chose que sur le registre conflictuel . Sur la scène internationale, ce même schéma relationnel est une préoccupation constante des nations pour éviter l' isolement et anticiper les crises . Il faut d' ailleurs constater en ce domaine une certaine stabilité des relations, doublée d' une évolution qui n' est toujours que trés lente : Les Etats alliés ou partenaires ne deviennent que rarement des ennemis jurés du jour au lendemain; les tensions ou conflits d' intérêts mûrissent lentement. Ceci dit, il faut être lucide sur le lien vous unissant à vos partenaires et être capable d' en jauger la force et la sincérité afin de ne pas subir un brusque revirement de situation qui pouvait se prévoir du seul fait de la nature de l' entente ou des relations ! Autre remarque d' importance : Nous venons d' observer dans la "conclusion" du chapitre précédent ( Diplomatie ) que ce siècle de progrès fut le siège d' un accroissement considérable du nombre d' acteurs sur la scène internationale - En conséquence, il faut bien constater la complexité du dialogue entre puissances souveraines et la nécessité de prendre conscience que les vieux modèles, nés de l' époque des relations "bipolaires" doivent être améliorés, voire corrigés, faute d' être sérieusement contestés par les puissances naissantes; ces institutions étant totalement en décalage avec les réalités du terrain, elles font peser un risque sur l' efficacité de leurs actions et décisions .

Le dernier aspect de ce principe, mais pas des moindres, nous fait observer à quel point il est important de suivre et comprendre les agissements de l' adversaire . Votre stratégie ne peut être statique ou figée mais doit s' adapter, voire même dans certains cas se calquer sur celle de l' ennemi - Dans sa configuration idéale, elle devrait parfaitement s' imbriquer sur ses défauts et imiter ses points forts afin de s' en servir contre lui ! A l'image de cette philosophie particulière exprimée au sein des arts martiaux Asiatiques où le combattants se sert de la force ou l'élan de son assaillant pour la récupérer dans son système de défense -

Je n' évoquerai que l' exemple de l' armée Romaine, menée par Scipion, qui utilisa contre Hannibal sa propre technique de combat pour finalement défaire l' armée carthaginoise à Zama ( Numibie - 202 av JC . Défaite qui marqua un revers déterminant dans l' épopée des guerres puniques et qui scella le sort funeste de Carthage .

2- L' activité :

La réalité du terrain commande de ne pas rester passif et d' employer à fond ses moyens pour atteindre le plus vite possible les objectifs, ôter à l' ennemi sa liberté d' action par l'exercice d' une pression constante afin de l' empêcher de re-prendre l' initiative ou de se réorganiser après un revers .

L' inactivité entrainerait par ailleurs un relâchement du moral et de la discipline . Encore qu'il ne faille pas tomber dans le travers opposé d' un activisme désordonné et incohérent (... fondé sur de mauvaises informations, celui-ci peut être bien plus nuisible que l' inactivité ! ) . En conséquence, l'inactivité ( l' attente ) ne devient un avantage vous concernant que si vous savez l' ennemi engagé dans une action qui lui portera tort et à condition d' être en position de le recevoir "convenablement" .

3- Concentration / Effet de masse : Ce principe consiste à réunir le maximum de force sur une zone qui sera définie comme l' axe principal de la confrontation; de manière à disposer d' une masse de manœuvre ou de choc inégalable en ce point déterminant ...

4- Isoler l' adversaire : Corollaire du précédent, il prescrit d' une part de veiller et contribuer à

l' étalement des forces adverses mais encore de limiter les connivences et appuis qu' il pourrait trouver avec des puissances étrangères ou rivales à vos intérêts .

4- bis : Former une coalition (...de capacité supérieure à l' adversaire ) : Vous devez réunir autour de vous une coalition capable de supplanter les forces adverses, et si possible d' en assurer la direction - Ce pôle de force peut être contraint, car il s'agit de former un groupe de résistance autour de vous, quitte à inciter ou contraindre des parties neutres dans l'engagement.

L' isolationnisme est donc à proscrire, ce qui ne vous interdit pas de conserver des moyens de pression discrets ou indirects pour contenir les velléités dominatrices de vos futurs collaborateurs ( division, mise à disposition de forces ou matériel d' un potentiel inférieur; dépendance par les approvisionnementsou par l' intercession de vos structures en un point quelconque de la chaine matérielle ou décisionnelle ) . Ces ententes doivent coïncider avec une dimension géographique pour circonscrire l' extension territoriale des ennemis les plus directs et les plus dangereux . L' union peut être sceller sur des intérêts communs, par exemple sur un projet d' expansion partagé, ou plus rarement sur un chantage ( sur les éléments de moindre importance ) en brandissant la menace d' une perte ou pénalité pour les opposants les plus faibles .

5- Direction- objectif- Notion"centre de gravité": C' est une ligne imaginaire indiquant l' axe selon lequel doivent être menées les opérations pour obtenir une efficacité optimale . Itinéraire idéal reliant le point de départ et d' arrivée qui n' est pas forcément l' objectif en lui même, mais le trajet le plus indiqué pour atteindre cet but . Le "centre de gravité" détermine le point vers lequel doivent être dirigées les énergies en fonction des caractères dominants de la puissance de l' adversaire . Ils peuvent être matérialisés par les différents pôles de la vie sociale : Par exemple ... Centre politique ou décisionnel de façon à priver l' ennemi de sa "matière grise". Approvisionnements extérieurs et alliés principaux lorsque l' ennemi est tributaire d' autrui . Zone productive ou lieux de stationnement des garnisons lorsqu' il est possible de porter un coup décisif en privant l' ennemi d' une grande partie de sa force, concentrée par erreur ou par nécessité sur un lieu exigu .

6- L' économie des forces (... ou des moyens ) : Elle commande de rechercher l' usage maximal des forces - aucune fraction de celles-ci ne doit rester inactive ou employée en sur effectif, à mauvais escient pour conquérir des objectifs dérisoires : C' est la proportion des moyens face au but poursuivi . Il est cependant admis d' affecter, de concentrer le gros des forces au but principal ( faire nombre au point décisif ) .

7- L' initiative - Importance du "facteur temps" - La Temporisation :

< ... La meilleure des défenses, c' est l' attaque !... >

Je considère ce paramètre comme étant probablement le plus important du répertoire stratégique s' il est judicieusement allié à son corollaire qui consiste à générer une pression permanente sur l' adversaire afin d' empêcher toute réaction ! Elle permet donc de prendre un avantage, d' anticiper sur lui de manière à lui ôter sa liberté d' action et à le contraindre à subir votre volonté . La saisie de l' initiative dépend de la vitesse de réunion des forces et de la méthode de lancement des opérations - Problème fondamentalement matériel et logistique : Il faut que vos moyens soient prêts dans un délai plus court que ceux de l' adversaire ou laisser supposer à l' adversaire que l' attaque n' est pas d' actualité . En règle générale l'initiative est liée à l'idée d' offensive - ( par définition, l' autre protagoniste subira votre action ) - Les principes cumulés d' initiative, de surprise et d' activité sont d' ailleurs d' ordre général et ont leur place dans tous les domaines et à tous les niveaux de conflits : Il est trés logique que celui qui prend l' initiative dans une combat singulier à poings levés pour étourdir son adversaire se dote d' une supériorité de fait, idem lors d' un conflit armé ... ou d' un duel de western en donnant un avantage certain à celui qui dégaine le premier ! Prenez encore l' exemple du prédateur qui guette sa proie et lance son attaque au moment le plus inattendu .

Notez encore cet exemple caractéristique de l' avantage que se donne l' initiateur d' une activité économique ( le chef d' entreprise ), en élaborant et détenant l' initiative des relations, processus comme les moyens de production, etc ... . Ces avantages correspondent certainement plus ou moins à des conséquences liées au phénomène "d' initiative" . Il semble évident qu'il y ait une prime à "l'action" dans un monde physique où tout ce qui "est"doit subir les conséquences des systèmes environnants en respect du principe évolutionniste - En précédant l' action naturelle, l' inspirateur oriente, ( s' accapare !) une partie des mécanismes qui influent sur le "devenir", et c' est à ce titre qu' il se dote d' un avantage sur celui qui subit ou attend le déroulement des faits .

En règle générale, nous pouvons avancer l' hypothèse selon laquelle toute stratégie militaire digne de ce nom doit déployer son action au travers du facteur temporel - Justement de manière à prendre l' ennemi de vitesse : Pour anticiper ses mouvements et l' attendre sur un terrain où il pensait vous doubler, l' empêcher de constituer des bases et arrières solides à mesure de sa progression, ... s' opposer à toute forme d' organisation pour constituer les lignes de front ou de les approvisionner - Bref ! Il s' agit de maintenir la pression pour empêcher l' adversaire de prendre ou reprendre l' initiative / Il vous incombera de choisir en fonction de votre disposition et de vos capacités matérielles ou offensives : ... guerre "éclair" pour qu'il n' ait pas le temps d' organiser sa défense, ... ou stratégie de long terme pour l' essouffler... et venir à bout de ses structures matérielles . Il semblerait que les stratégies modernes se retranchent progressivement derrière cette dernière conception en faisant bonne place à la lutte politique .

A l'opposé, il semble donc envisageable de citer la notion de TEMPORISATION comme le pendant politique et stratégique de ce premier volet intégrant un "timing" précis du déroulement offensif. En effet, le recours à une stratégie diplomatique de temporisation peut efficacement servir de méthode afin de s'assurer un temps nécessaire à la reconstruction d'une défense ou d'une armée efficiente. Certains stratége antique allèrent jusqu'à concéder des terres, signer de "faux" traités de paix, en replliant leur armée afin d'occuper et calmer les ardeurs offensives d'un assaillant en vue de préparer une reconquête. L'armée Russe, lors de l'offensive allemande ( seconde guerre mondiale ) eu recours à ce procédé de ralentissement à la progression en créant une succession de "barrage" qui usèrent et retardèrent la percée fasciste.

8- Définition et "occupation" des points névralgiques du terrain : ( notion stratégique ou tactique suivant l' échelle d' application ) .

Cette politique impose de savoir définir sur les cartes d' État-major de grande échelle les positions géographiques stratégiques ( en fonction des ressources, point de passage obligatoire et des objectifs de conquête ) et d' y mener des forces suffisantes pour occuper la position et y interdire toute intrusion . Ce peut être un carrefour ( Gibraltar, suez ), un point haut ( plateau ) permettant de contrôler une zone par l' observation et d' y positionner des troupes afin de faire respecter votre politique, un point d' approvisionnement, un raccourci, un passage obligatoire pour rallier deux zones distinctes mais contiguës . D' une façon générale, ces points névralgiques vous assurent la maîtrise des alentours ( filtrage, observation, communication, implantation d' une force de frappe ) .

9- Occuper ou vider le terrain pour en exclure les adversaires - (organisation d' une stratégie d' occupation sur le moyen et long terme ) - Lors d' une entreprise de conquête, l' objectif principal consiste effectivement à s' emparer d' un territoire pour vous en rendre maître . Cette manœuvre sous entend inévitablement d' élaborer une politique d' occupation et de substitution par l' implantation de colonies fortifiées qui empêcheront les populations exclues de revenir sur le site.

86 - 10- La dissuasion -

Elle est aujourd' hui étroitement associée et fonde l' essentiel de son action sur une arme spécifique dotée d' une puissance sans équivalent - Poursuivant sa quête éternelle de l' arme ultime pour assouvir son fantasme d' une domination éternelle, totale et incontestable, l' homme pensait avoir trouvé réponse à ce défi avec la découverte scientifique qui marqua ce milieu de vingtième siècle : La fusion et L' arme de destruction massive . Mais il n' en fut rien ! La faculté d' adaptation de l' être humain réduit rapidement à néant cet espoir chimérique - Après une brève période d' effroi, les acteurs de la scène internationale trouvèrent le moyen de contourner la menace du feu nucléaire . L' arme de l' apocalypse n' empêcha finalement pas les conflits d' éclater partout dans le monde, même si une codification ainsi que des protocoles spécifiques se mirent progressivement en place pour satisfaire aux exigences de ce nouveau modèle relationnel et conflictuel . L' essence du rapport de force se veut par définition mouvant et la supériorité des civilisations, comme celle des espèces sur la scène animale, forcément transitoire, ne peut résider sur le seul fondement d' une pseudo panacée militaire . ... Balivernes me direz-vous ? Pour vous convaincre, il me fallait obtenir des avis d' experts se rapprochant plus ou moins de mes propres conclusions . Le concept fait l' objet de nombreuses études et je préfère vous renvoyer à ces ouvrages spécifiques pour prendre connaissance des notions qui y sont relatives . Je ne pourrai ici que vous en dresser des contours sommaires, subjectivement interprétés, sur les bases théoriques fournies par des professionnels de la question .

- Extrait bibliographique ( "TRAITE DE STRATÉGIE" par Hervé Coutau bégarie - 4° édition - Economica ) :

- cf : "Inversion du rapport, "utilisation de la force // Menace de la force" - Essence de la dissuasion -

<< ( ... ) . .... Une grande nouveauté de la stratégie contemporaine est imputable à l' arme nucléaire : Avec la bombe, le risque d' ascension aux extrêmes s' identifie désormais à la menace de l' apocalypse, rendant caduque la définition Clausewitzienne de la guerre comme continuation de la politique .

A l' ère atomique, le risque est toujours plus grand que l' enjeu dés lors que les intérêts vitaux de l' agressé peuvent être mis en cause et qu' il dispose d' un volume de forces nucléaire lui permettant de satisfaire au principe de suffisance . Dés lors, un conflit comportant le risque de recours à l' arme nucléaire doit être évité à tout prix, car même celui qui dispose d' une supériorité écrasante ne peut avoir la certitude d' échapper à la riposte adverse . l' impossibilité d' échapper aux représailles rend irrationnelle toute entreprise susceptible de déclencher le feu nucléaire . La dissuasion semble intrinsèquement liée aux caractéristiques de l' arme absolue, mais celle-ci n' est pas séparable des moyens conventionnels qui la complètent ... ( ... ) >> .

Cette dernière phrase me semble assez significative ... et c' est sur le fondement de celle-ci que j' approfondis mes recherches . Le vecteur nucléaire semble bel et bien avoir pris sa place dans un dispositif d' ensemble qui permet de lui donner sa pleine efficacité en agissant de prime abord sur le seul terrain capable de lui donner sa vrai dimension : L' imaginaire et le fantasme de l' apocalypse . L' élément psychologique demeure encore et toujours un aspect déterminant de l' action dissuasive :

La crédibilité dépend principalement de la conviction qu' auront les ennemis que le détenteur serait prêt à utiliser son potentiel de destruction . L' approche veut alors que le possesseur émette des signaux pour avertir du sérieux de la menace - On parle alors de "stratégie déclaratoire", (... souvent matérialisé par des "niveaux d' alerte") destinée à prévenir les adversaires sur une montée en puissance du dispositif selon un protocole connu des parties et dont l' issue finale se soldera par la réplique nucléaire .

Cette codification de l' alerte permet aux agresseurs éventuels de mesurer le niveau de danger sur lequel ils se placent en conséquence de leurs actes, leur permettant de faire marche arrière avant d' atteindre le seuil fatidique . L' ensemble des paramètres de l' arme ( puissance, contamination des sols, risque d' escalade et problème de la riposte immédiate ) lui donnait vocation à s' inscrire au sein de registres capables d' intégrer la plénitude de cette dimension : Prévenir les conflits en suscitant l' effroi chez celui qui prend le risque d' un affrontement .

Il est bien établi que, compte tenu des risques et des lourdes conséquences qu' elle fait encourir, cette forme d' engagement ne puisse intervenir que concernant des centres d' intérêts jugés vitaux .

Le risque d' escalade associé à la puissance de l' arme limitait de fait considérablement ses possibilités d'emploi . L' esprit même de la dissuasion étant de détourner quelqu' un de son projet en conséquence du risque lié à cet entreprise; le potentiel de l' arme la destinait donc par définition à ce type d' emploi : Susciter l' effroi - Au demeurant, en terme de crédibilité, il n' était pas question de brandir une telle menace à la moindre altercation, car les belligérants finiraient par se familiariser avec son spectre et de ne plus croire au sérieux des avertissements . On ne protège pas n' importe quel intérêt avec un potentiel si dévastateur et en général, seuls les plus directs ainsi que les plus proches ont droit à ce traitement de faveur, comme par exemple, en priorité, l' intégrité du territoire national ! Encore qu' à l' opposé, la ligne de démarcation ne doit pas être, ni trop étroite ni précise, car les ennemis pourraient penser qu' ils auront les mains libres au delà ( cf guerre froide / épisode de la Corée - chapitre de la diplomatie ) .

Contre toute attente, l' incroyable puissance de l' arme atomique n' allait pas pour autant transformer le jeu classique de la stratégie : D' une part, le modèle des relations internationales, dominé par la rivalité entre États depuis l' aube des temps, ne pouvait se métamorphoser subitement ou miraculeusement en un consensus irréfutable, et la situation ne put en réalité qu' engendrer un nouvel équilibre centré sur les impératifs de cette menace, en faisant intervenir de nouvelles conceptions du rapport de force, plus subtiles, mais sans pour autant bouleverser les données séculaires . Par ailleurs, le monopole Américain n' allait pas durer et l' ensemble des grandes puissances se dotèrent bientôt de l' arme de destruction massive . L' impératif de neutralisation des forces pour créer cet équilibre de la terreur ne fit que conduire au surarmement sans jamais résoudre le problème de fond : Personne ne pouvait se vanter de posséder le titre de noblesse que l' arme promettait, mais elle contribua certainement à l' établissement d' une stabilité,... encore que toute relative - Des conflits d' une nouvelle nature virent le jour . Cette période historique consistant en la recherche d' un équilibre fondé sur l' arme ultime s' accompagna de crises multiples supposées ne pas mettre en jeu lesdits "intérêts vitaux" protégés par ce vecteur d' arme :

Serait-il raisonnable de vous ressasser l' exemple caractéristique des conflits par pays interposés illustrant la guerre froide . C' est aussi un fait historique que les grandes puissances actuelles constituèrent l' essentiel de leur "Empire" précédemment à l' invention du vecteur nucléaire, et que ce matériel ne vînt que tardivement couronner un état de fait "préexistent" . Un État pauvre et immature ( politiquement et économiquement ) aurait-il d' ailleurs les moyens techniques, financiers, scientifiques et militaires d' élaborer et de mettre en œuvre un dispositif d' armement nucléaire ? .... Il y a peu de chance ! Et tant mieux, car dans ce cas, il y aurait certainement un risque accru de dérapage . Tout juste pourraient-ils se livrer à des actes terroristes en bidouillant une bombe "sale". J' en conclus à titre personnel que la menace de l' apocalypse entre les grandes puissances n' est qu' une chimère sans fondement réel, qui cependant nous fait encourir un risque de dérapage le jour où les superpuissances qui les détiennent se désagrégeront ... seuls vrais cas où il pourrait être fait utilisation déconsidérée de son potentiel ( ...hypothèse de la fin des empires - Exemple de l' URSS - : Accident de maintenance pour un État qui n' aurait plus les moyens financiers d' en assurer l' entretien - ...ou celui encore plus improbable mais dramatique de récupération par des groupes terroristes qui achèteraient quelques ogives à des hommes politiques corrompus ou se cherchant quelques protecteurs ) .

Le temps faisant son œuvre les hommes s' habituèrent à "l'impensable" et entreprirent de réintroduire envers et contre tout la logique stratégique de l' apocalypse dans le principe de réalité . Sur le plan politique, l' arme devînt le symbole de la puissance ( les nations possédant l' arme nucléaires constituèrent un "comité restreint" ); sur le plan militaire, la miniaturisation permis de mettre en œuvre des vecteurs, fort heureusement jamais utilisés, à l' échelle tactique du champ de bataille .

Pourtant, la notion de dissuasion, c' est là le sens et l' orientation de notre modeste discussion, ne s' entend pas que sur la question nucléaire; elle existait bel et bien antérieurement à ce vecteur d' arme comme le précise volontiers l' auteur du traité cité en référence - Pour ainsi dire, les êtres vivants semblent même en avoir fait leur cheval de bataille sous diverses formes depuis l' apparition des êtres complexes ...

<< (...)- extrait - ... Au XVIIIE° siècle déjà, le comte Schaumbourg Lippe esquisse une théorisation de l' effet psychologique à la guerre < Il faut bien distinguer dans la science des combats entre ce qui est efficace par soi même, mettant il' ennemi physiquement hors d' état de nuire, d' avec ce qui ne produit cet effet que par le sentiment de crainte et n' agit principalement que moralement >. Connaissant le principe de surévaluation de l' esprit humain <<... l' art consiste souvent à faire naître ces impressions exagérées et l' on réussit ainsi par imposition (... ) En 1940, le Président Roosevelt décide de transférer la flotte de la côte ouest des États-unis à Hawaï, c' est à dire de la rapprocher du Japon dans le but de dissuader celui-ci . Ce n' est qu' à l' ère nucléaire que la dissuasion devient une catégorie stratégique à part entière . Encore que la conception, qui semble aujourd' hui évidente, ne s' est pas imposée d' elle même !.... Peu après sa mise au point, l' arme était simplement considérée comme une bombe disposant d' une puissance accrue . Certes, le nombre limité d' armes dans l' arsenal Américain n' autorisait pas une grande diversité de scénarios : Jusqu'en 1953, on privilégie le concept d' emploi et non de dissuasion ! L' année 1957 est un tournant avec les deux livres d' Henry kissinger ( diplomate Américain - 1923 ) - (... ) ...>> - fin de l' extrait -

.... En effet, dans son acception générale, <<... la dissuasion contrebalance, équilibre un danger potentiel par la crainte suscitée chez l' adversaire de perdre des intérêts au moins équivalents sinon plus importants que les gains convoités, rendant la perspective de cette menace inutile ... >>.

Pour ma part, je voulais savoir si cette définition pouvait recouper en un point quelconque notre sujet sociologique et coïncider avec mon propos politique de lutte pour le pouvoir dans la société politique . La prospection fut de courte durée, quelques instants suffirent pour m' apercevoir qu' il est très concevable d' étendre et généraliser l' esprit de ce mode relationnel à l' échelle des groupements humains ( Partis politiques, lobbies, syndicat,... ) qui composent le tissu social ... comme d' ailleurs à l' essentiel des espèces pour peu que l' on se place sur un angle conflictuel et que l' on observe le génie des êtres vivants pour prévenir le dangereux, voire mortel conflit physique : Le chat dresse ses poils et se cambre pour intimider son agresseur, le hérisson se met en boule et présente ses pics, d' autres, comme le serpent, se dressent puis émettent des sons stridents, certains poissons se gonflent d' eau ( poisson Porc-épic - famille des diodontidés ), le chien grogne et montre ses dents acérées, l' être humain hurle et s' agite en adoptant une attitude menaçante . Tous espèrent néanmoins ne pas avoir à employer cette force et que cet artifice suffira pour DISSUADER l' adversaire d' attaquer, car tous espèrent ainsi éviter l' affrontement direct et ses irrémédiables conséquences !

La survie implique une lutte perpétuelle afin de se protéger ou prendre un ascendant sur ses congénères comme sur les autres espèces . Les protagonistes de ce conflit, tantôt prédateurs, tantôt victimes, s' entourent des artifices ou réalités qui leurpermettent d' échapper aux mauvais sorts et ainsi assurer la pérennité de leur lignée génétique . La dissuasion, après le camouflage qui aura pour mission de faire échec aux modes de perception adverses afin d' éviter le contact, s' identifie alors comme le premier élément de cette panoplie comportementale liée à la survie . Le rapport de force nucléaire n' a de spécificité réelle que dans le sens où il met en œuvre une dimension sociale au travers de techniques purement inventées par l' homme et probablement encore du fait que son utilisation mettrait en péril la vie sur terre dans son ensemble ... d' où le lourd handicap lié à son utilisation : A quoi servirait-il de libérer un territoire de ses occupants s' il n' est même pas possible de le récupérer par la suite ?

Le modèle comportemental observable dans nos sociétés humaines évoluées (... constituées en groupuscule selon le schéma actuel ) mette automatiquement et systématiquement en œuvre des mécanismes de régulation dérivés et équivalents de la dissuasion pour établir un équilibre entre les diverses composantes du tissu social . Comme dans la nature, le respect de cet équilibre passe inexorablement par l' émission et l' identification de signe de menace, réels voire parfois factice, ou de riposte potentiels en cas de remise en cause du statu quo; toujours afin de prévenir un choc majeur . Chaque élement de cet édifice composite se donne malgré tout, sciemment ou inconsciemment, pour fonction d' observer et identifier les signes de faiblesse de l' adversaire pour saisir la moindre opportunité d' une "attaque"à la plus petite défaillance, surtout à moindre "frais", lorsque le seuil de vulnérabilité sera atteint - Cette attitude semble profondément inscrite dans l' ordre des choses ! Les paramètres que nous évoquions ( surveillance de l' adversaire, camouflage, dissuasion ) ne sont donc que les éléments immanents et incontournables de cette réalisation, nous n' avons fait qu' adapter ces règles à nos protocoles réfléchis sans en changer les processus fondamentaux . Il est d' ailleurs probant de constater dans l' actualité politique les signes précurseurs de ce rappel à l' ordre, lancés par la partie sollicitée et censés faire la preuve de sa réactivité avant que l' assaillant n' entreprenne de poursuivre trop loin son offensive : Lorsque des affaires judiciaires relatives à une potentielle corruption des milieux politiques, retentissent et défrayent la chronique, nous pûmes observer avec quelle rapidité et réciprocité de traitement l'ensemble de l' horizon politique sera progressivement et systématiquement balayé par le même type de scandale en application du principe élémentaire "d' Action - Réaction - Neutralisation" : L'avertissement est simple de la part de celui qui subit la première sollicitation << ... Si tu m' attaques, je te rendrai coup pour coup et personne n' en sortira indemne ... >>... N' est-ce pas là un des principes fondateurs de la dissuasion ? Partout et dans tous les domaines d'application se retrouvent les mêmes principes fondateurs et constitutifs de la nature -

11 - Ne jamais subir les manœuvres dilatoires adverses en analysant la stratégie de l'adversaire-

Le déploiement et la progression de votre dispositif d' engagement doit, autant que possible, dans la limite du raisonnable, prévoir avant le passage à l' action les principales hypothèses de réponses adverses ( ... contre-attaque, mesure de représailles, report des forces, hypothèses de ripostes concevables sur la scène du conflit ) . Car l' ennemi n' aura de cesse de reconquérir l' initiative dont vous l' avez privé dans l' engagement du conflit, en vous entrainant dans divers subterfuges dont nous prenons connaissance ici même, ainsi qu' au travers de l' ensemble des données de cette étude . (.... cf diplomatie, principes tactiques, etc ... ) . Certains protagonistes vont jusqu' à conclure une trêve artificielle ( qui leur permet en fait de restructurer leurs lignes ), de faux traité de temporisation, une paix ou un repli factice ( prenez l' exemple du cheval de la ville de Troie ) pour prendre ou reprendre l' avantage perdu au cours de la bataille . Il existe donc des actes qui font "double emploi" et qui permettent, derrière une apparence trompeuse de "gratuité", de préparer une offensive majeure -

Je vous citerai deux exemples de "mouvement" tirés du jeu d' échec : La "double menace" qui permet d' obliger l' adversaire à sacrifier l' une des deux pièces visées par un même foyer de menace ; .... et le "dégagement" qui révèle subitement une ligne de menace, dissimulée jusqu' alors par une pièce de moindre importance qui s' efface .

12 - Le glacis de protection -

Tout dispositif comporte un noyau, des éléments vitaux, et d' autres, considérés comme accessoires ou satellites . Il est hors de question d' exposer les premiers éléments de cette hiérarchie au feu direct et de prendre le risque d' immédiatement les compromettre.

Vous aurez grand intérêt à protéger le noyau de votre dispositif par des "couches" successives qui encaisseront les coups les plus durs de l' assaut ennemi, vous laissant le temps d' organiser une réponse adéquate à la menace . A bien y réfléchir, ce procédé "d' éloignement" n' a rien d' inconnu dans le milieu naturel; à l' image de cet épineux qui se protège des herbivores (?) par un rempart de piquants . Vérifiez cette hypothèse en vous reportant au manuel d' histoire, les grands Empires modernes ne manquent jamais de constituer autour d' eux un espace "tampon", matérialisé par des puissances étrangères, mais alliées (... étroitement surveillées et encadrées pour satisfaire à cette mission ) . Ainsi protégé ( à moindre frais - puisque ce glacis se compose de puissances souveraines ), la nation "phare" verra-t-elle venir de loin toutes formes de menace .

13 - Garder de bonnes relations avec les ( concurrents ) puissants -

S' il ne faut pas tomber sous le joug de vos adversaires, cela ne veut pas dire pour autant qu' il faille s' en faire des ennemis jurés . Il est préférable de cibler ceux disposant du potentiel le plus redoutable et d' en faire des partenaires privilégiés avec lesquels vous userez de tacts et de moyens détournés pour les empêcher de constituer un front trop important face au votre . A votre charge de mettre en œuvre les éléments et les stratégies pour affaiblir ces adversaires, ... car il en feront certainement autant de leur côté ! La moindre des choses consisterait donc à entretenir des liens politico-diplomatiques .

14 - Conserver un bastion en territoire ennemi - Empêcher la création d' un bloc monolithique -

Ce pied à terre, si petit soit-il, est en fait indispensable d' une part pour assurer votre présence et un point d' observation, d' autre part pour servir de départ au redémarrage de votre action conquérante

( civile, militaire, ou idéologique ), mais surtout, et c' est l' aspect crucial de la technique, afin d' organiser une "contamination idéologique" de la zone ennemie . Ce cas de figure sous-entend l' hypothèse de deux blocs de force équivalente qui se tiennent en respect, mais surtout pour vous de disposer de la force nécessaire pour assurer l' indépendance et l' autonomie de cette entité en territoire adverse ( coût souvent élevé ) - La théorie commande donc d' éviter la constitution d' un bloc monolithique dans l' enceinte de territoires adverses regroupés sous l' égide d' un "leader" : Ce front commun pourrait s' avérer dangereux en absorbant, à l' image d' une vague déferlante, tout ce qui se trouve sur ses frontières . Le microcosme en terre ennemi, défendu par vos soins, agira comme un brise-lames à l' entrée d' un port . D' un autre côté, les puissances universelles n' existent point en ce monde de particularité : Il suffit de vous dire que si l' ennemi semble puissant, ainsi qu' omniprésent à tel endroit, c' est qu' il commet forcément quelques lacunes sur tel autre !... Et c' est précisément sur ces faiblesses que portera votre regard, pour déstabiliser ses arrières ou agir là où il ne peut maintenir ses troupes .

15 - Sur le terrain idéologique : Soulever les contradictions entre pratique et doctrine au sein des théories adverses -

Puisqu' il est un fait que les pouvoirs centraux se donnent depuis toujours une dimension idéologique, les actions menée sur le terrain devront inévitablement se doubler d' une stratégie interférant cette dimension afin de conforter votre position comme la hiérarchie sociale et rallier les vassaux ainsi que le peuple à la cause du prince . Nous avons pu souligner l' inévitable contradiction entre la doctrine et la praxis du jeu politique . Qu' à cela ne tienne ! Si vous êtes provisoirement exclu ou éloigné de la sphère du pouvoir, ce biais sera votre arme pour décrédibiliser la thèse adverse en mettant l' accent sur ses contradictions . Cette stratégie vous renvoie directement aux diverses notions abordées dans le chapitre de la "communication", la "justification du pouvoir" et à la "rhétorique";... nous les avons longuement discuté tout au long de ces paragraphes : La boucle se referme, ... ainsi que s' achève mon propos sur les principes guerriers .  .... ( .... Fin extrait ... MDP )

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Aspect théorique complèmentaire

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Grands théoriciens militaires

Sun Tzu (ou Sun Zi) : stratège chinois qui vivait à l'époque des Royaumes Combattants (475-221 av. J.-C.). Œuvre : L'Art de la guerre. Il analyse la guerre comme un acte central pour l'État, dont la paix dicte le sens. Pour Sun Tsu, l'habileté suprême est de vaincre sans combattre, et la guerre est l'art de la tromperie (War is the art of deception). Napoléon ne respectera jamais le précepte de Sun Tsu de « construire des ponts d'or à l'ennemi en fuite », préférant au contraire les canonner copieusement à ce moment-là afin de les éliminer des batailles futures4.

Carl von Clausewitz : général prussien (1780-1831). Œuvre De la guerre. Tirant les leçons des guerres de la Révolution et de l'Empire, il est le théoricien de la guerre totale, même si celle-ci, dans son œuvre, est présentée plus comme un concept (celui de « la montée aux extrêmes ») que comme une réalité effective. Un contemporain de Jomini, mais dont les conceptions stratégiques et philosophiques transcendent à beaucoup d'égards son époque. Pour Clausewitz, la guerre est avant tout la continuation de la politique par d'autres moyens.

Vegece : écrivain romain de la fin du IVe et du début du Ve siècle. Auteur de Epitoma rei militaris dont le succès ne s'est jamais démenti tout au long du Moyen Âge et de l'époque moderne.

Antoine de Jomini : général d'origine suisse qui participa à de nombreuses campagnes dans la Grande Armée, puis devint général en chef dans l'Armée russe. En 1805, il avait déjà compris comment l'Empereur ferait pour abattre l'Armée autrichienne, pratiquement au détail près. Il est l'un des rares généraux de l'époque à avoir saisi l'essence même des opérations militaires, sans les rattacher à la période ou aux techniques. Au xxie siècle, sa pensée inspire notamment l'armée américaine. Son obsession pour les lignes d'opération et les lignes stratégiques est cependant la cause d'un certain vieillissement de son œuvre.

Erwin Rommel: Stratège très célèbre astucieux durant la 2e Guerre mondiale

Alfred Mahan : officier de marine américain qui a écrit plusieurs ouvrages sur la stratégie maritime, qui ont si fortement inspiré les militaires américains qu'ils ont ensuite axé une grande part de leur stratégie sur ses écrits. Certains pensent[Qui ?] que leur opération pour prendre le canal de Panama fut déclenchée notamment grâce aux révélations de Mahan. C'est un disciple de Jomini, qui a traduit pour les questions maritimes les principes de L'Art de la guerre.

Mikhaïl Toukhatchevski : théoricien militaire soviétique qui contribua à définir les opérations en profondeur pour l'Armée rouge.

Raoul Castex : officier de marine français.

Liddell Hart : théoricien anglais des formations de blindés mises en œuvre par Heinz Guderian durant le Blitzkrieg. Charles de Gaulle avait également écrit un ouvrage (Vers l'armée de métier) où il recommandait le même système d'attaques de blindés accompagnés d'une couverture aérienne, et qui ne sera pas pris en considération.

André Beaufre : général français.

John Boyd : colonel d'aviation américain et inventeur du cycle OODA.

Edward Luttwak : économiste et historien américain spécialisé en géopolitique.

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2 - Tactique - Epoque antique -

https://www.geo.fr/histoire/tortue-tenaille-eperon-les-principales-manoeuvres-des-legionnaires-romains-195958

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Tortue, tenaille, éperon… Les principales manœuvres des légionnaires romains

Comment les légionnaires combattaient-ils ? Entraînés deux fois par jour au maniement des armes, les légionnaires apprenaient aussi les manœuvres tactiques. Des formations de combat qui permettaient de s’adapter à l’adversaire et au terrain.

Les triplex acies : formation tripartite

Ce fut la configuration la plus courante dans les combats, utilisée en grande majorité dans les guerres de Mithridate (88 à 63 av. J.-C.) en Asie Mineure ou bien lors de la conquête des Gaules (58 à 51 av. J.-C.). Elle tenait son nom des trois principales lignes (acies) qui composaient la formation jusqu’à la fin du IIe siècle av. J.-C. : les hastati (jeunes soldats), les principes (troupes d’élite) et les triarii (les vétérans). Après la réforme de Marius, chacune des lignes se composait de trois ou quatre cohortes (de 600 hommes chacune), espacées par des intervalles égaux. Ainsi, elles pouvaient effectuer un repli sans affecter l’ensemble. Derrière eux se trouvait parfois une ligne d’archers. Disposées de cette manière, les légions pouvaient être entourées de troupes alliées, la cavalerie venant compléter la formation sur les ailes.

Hugues Piolet

Le cuneus : formation en éperon

Le cuneus répartissait les cohortes en un demi-cercle convexe avec, en son centre, une pointe triangulaire constituée d’un groupe d’élite. Ainsi, la légion concentrait son effort sur un point précis, si possible au milieu de la ligne frontale ennemie. Une tactique qui permettait souvent aux Romains de percer la ligne adverse et de pénétrer sa formation, ce qui s’avérait le plus souvent fatal si l’ennemi n’avait pas de réserve. Selon l’historien romain Tite-Live, cette manœuvre fut utilisée par Caton l’Ancien en 195 av. J.-C., lors de la bataille victorieuse d’Emporiae (Ampurias) contre les Celtibères, en Hispanie.

Hugues Piolet

La forfex : formation en tenaille

Elle prenait la forme inverse du cuneus. Une sorte de V, à ceci près que les extrémités se rapprochaient, rappelant l’aspect d’une tenaille. L’une des manœuvres pour parvenir à cette disposition était de faire avancer lentement sa ligne centrale pendant que les ailes d’infanterie légère se formaient en colonnes et progressaient plus vite, avant de se reformer en ligne jusqu’à encercler l’ennemi. Selon les récits de Polybe et Tite-Live, c’est en empruntant cette tactique que le général romain Scipion l’Africain remporta une victoire importante sur les forces carthaginoises lors de la célèbre bataille d’Ilipa en 206 av. J.-C.

Hugues Piolet

La testudo : formation en tortue

La testudo formait un ensemble rectangulaire impénétrable grâce à un «mur» et un «toit» de boucliers, à l’image d’une tortue qui se recroqueville dans sa carapace. Si cette formation pouvait être utilisée pour un siège, elle servait avant tout à se défendre contre les fl èches ennemies et s’avérait effi cace pour battre en retraite. Selon Plutarque, ce fut le cas en 36 av. J.-C., lorsque les armées de Marc Antoine reculèrent jusqu’en Arménie, un protectorat romain, sous les projectiles des soldats de l’Empire parthe.

Hugues Piolet

Les autres formations

Le globus se traduisait en des assauts répétés d’un petit groupe de soldats qui se détachaient du gros des troupes et attaquaient en des points précis. L’orbis était, lui, une formation défensive en cercle qui permettait aux troupes de faire face à l’ennemi où qu’il se trouve. Il n’était utilisé qu’en cas d’urgence, contre des armées supérieures en nombre ou dont les forces de cavalerie étaient plus importantes. Enfin le serra, ou formation en scie, consistait en une succession d’attaques brèves et de retraits, rappelant le mouvement de la scie.

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https://www.histoire-pour-tous.fr/batailles/149-antiquite.html#:~:text=Marathon%2C%20Salamine%2C%20Arb%C3%A8les%2C%20Cannes,grandes%20joutes%20de%20l'Antiquit%C3%A9.

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https://www.cairn.info/revue-strategique-2009-1-page-89.htm

Le déclin de l’étude des stratagèmes, un paradoxe des temps modernes

Extrait - “Rien ne prouve davantage la nécessité de l’étude de l’histoire que les ruses de guerre”, écrit le chevalier de Folard au xviiie siècle. Il ajoute : “Cette lecture me paraît beaucoup plus nécessaire à un général d’armée qu’à tout autre, outre qu’elle est très amusante et encore plus instructive. Lorsqu’on n’ignore point les ruses et les stratagèmes, on apprend à les rendre inutiles, et à les mettre en usage dans l’occasion. Ce qu’il y a de surprenant, c’est qu’ils ont toujours leur effet, et que l’on donne encore tout au travers, quoiqu’il y en ait un très grand nombre qui ont été pratiqués mille fois” [1][1]Cité in Ch. Liskenne et Sauvan, Bibliothèque historique et….

2Machiavel était du même avis. La quasi-totalité des exemples antiques de son Art de la Guerre sont d’ailleurs directement issus de Frontin… qu’il ne cite jamais [2][2]Voir notre Introduction aux Stratagèmes, Economica, pp. 41-42.. Le souvenir de Frontin se lit également, dans une moindre mesure, dans les Discours sur la première décade de Tite-Live. Au delà de ces emprunts, chacun sait que Machiavel a consacré de longs développements, tout au long de son œuvre, au thème général de la ruse et de son efficacité dans les domaines militaire et politique.

3Les “classiques” de la stratégie, Folard, Feuquière, Santa-Cruz, Joly de Maizeroy, Cessac, Carrion-Nisas, Jomini [3][3]Voir les extraits donnés par Liskenne et Sauvan, op. cit., III,…, ont accordé une place centrale à l’étude des stratagèmes. Leur efficacité militaire était clairement établie. Le seul débat à leur sujet restait leur valeur morale, comme déjà chez les Grecs et les Romains [4][4]Voir ainsi Polybe, XIII, 3, à propos des “procédés déloyaux” de…. Joly de Maizeroy parla des “stratagèmes permis à la guerre” [5][5]Remarques sur Polyen et Frontin de Joly de Maizeroy, in… : “La guerre est un jeu, où, comme dans tous les autres, les ruses d’adresse et de finesse sont permises, et non la friponnerie”. “L’art de la guerre, poursuit-il, est celui des ruses et des stratagèmes” — mais à la condition “qu’on n’y mêle point de perfidie”.

4La ruse, ainsi définie, était considérée comme à la fois plus efficace et plus “humaine” que les affrontements ouverts et les massacres qui les caractérisent. “Comme l’humanité nous oblige à préférer les moyens les plus doux dans la poursuite de nos droits, écrit Vattel, si, par une ruse de guerre, une feinte exempte de perfidie, on peut s’emparer d’une place forte, surprendre l’ennemi et le réduire, il vaut mieux, il est réellement plus louable de réussir de cette manière que par un siège meurtrier ou par une bataille sanglante” [6][6]Droit des gens, III, X, 178..

5Quelques décennies plus tard, tout cela parut définitivement dépassé. Il s’agissait moins d’un changement de stratégie opérationnelle que d’une évolution profonde des buts de guerre : les ruses de guerre, pour un Clausewitz, sont synonymes des guerres limitées du passé. “Telles sont, écrit-il [7][7]De la guerre, III, 16., les feintes, les parades, les moitiés et quarts de choc des anciennes guerres, où certains théoriciens veulent voir le suprême de l’art, le but de toute théorie, la prédominance de l’esprit sur la matière, alors que, par contre, ils traitent les dernières guerres de manifestations brutales où l’on n’a rien à apprendre et qui ramènent le monde à la barbarie”.

6L’auteur de Vom Kriege regardait avec dédain les stratagèmes des Anciens : “À première vue, il semble que c’est avec raison que la stratégie a emprunté son nom au stratagème, et qu’en dépit de toutes les transformations réelles et apparentes que la guerre a subies depuis les Grecs, ce terme est resté celui qui correspond à sa nature la plus profonde (…) Si l’on abandonne à la tactique l’exécution des coups de force, les engagements proprement dits, et que l’on considère la stratégie comme l’art de se servir judicieusement des possibilités qu’ils offrent, alors (…) aucune disposition naturelle ne paraît plus apte que la ruse à diriger et à animer l’activité stratégique (…) Mais quel que soit notre penchant à voir les chefs de guerre se surpasser en astuces, en habileté et en feintes, il faut reconnaître que ces qualités se manifestent peu dans l’Histoire et se sont rarement fait jour parmi la masse des événements et des circonstances” [8][8]De la guerre, III, 10.. Mais il avait fort mal compris la stratégie antique – qu’il assimilait un peu rapidement à la seule bataille par consentement mutuel, dans le cadre d’objectifs limités [9][9]Voir ainsi De la guerre, IV, 8 et 12..

7Erreur paradoxale, parce que l’histoire antique des offensives d’armées structurées – comme la phalange d’Alexandre ou les légions romaines – est essentiellement celle de leurs luttes difficiles et périlleuses contre une défense dispersée, mobile et utilisant tous les procédés indirects – c’est-à-dire une grande partie du catalogue des stratagèmes : ce que dit Clausewitz des rapports entre l’attaque et la défense, des “frictions” et de l’épuisement progressif de l’offensive, de l’importance du temps pour la défense et de la supériorité de la défense sur l’attaque, tout cela se lit magnifiquement exprimé chez les historiens anciens : Napoléon retrouve en Russie l’exaspération d’un Darius poursuivant les Scythes dans le récit d’Hérodote [10][10]Cf. IV, 120-130., d’un Alexandre poursuivant Darius dans le récit de Quinte-Curce [11][11]Cf. op. cit., III, 4, 3 ; 4, 5 ; 9, 8 9, 14 ; 10, 13.…, d’un Hannibal poursuivant les Romains dans le récit de Tite-Live [12][12]Ainsi XXI, 53, 8-9 ; XXII, 15, 2..

8Du reste, et cela rend le paradoxe plus surprenant encore, si les grands mouvements des guerres révolutionnaires et plus encore des guerres napoléoniennes ne s’accordaient apparemment plus avec les stratagèmes classiques, Napoléon les connaissait parfaitement et savait au besoin les exploiter, maître dans l’art des surprises stratégiques et des ordres obliques. Et nous savons quelle fascination exerça la manœuvre carthaginoise de la bataille de Cannes – l’un des stratagèmes les plus connus de l’Antiquité – sur Frédéric II, Napoléon (campagne de 1805 en particulier) et les Prussiens (Sadowa, Sedan). Pour Schlieffen, Cannes était l’archétype parfait, à reproduire toujours et partout [13][13]Cf. E.M. Earle, Les Maîtres de la stratégie, édition française,….

9On retrouve le même paradoxe au xxe siècle : le siècle des guerres mondiales délaissa plus encore que le xixe l’étude des stratagèmes (le mot a même disparu du vocabulaire militaire), alors que les multiples conflits qui se sont succédé au cours du siècle ont maintes fois mis en évidence leur utilité (ne serait-ce que les procédés de guérilla). ( fin extrait )

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https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1912_num_25_113_6694

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Tactiques_de_l%27infanterie_romaine

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3 - tactique & stratégie au moyen âge.

http://www.histoire-france.net/moyen/guerre

L'Art de la Guerre au Moyen Âge

Faire la guerre au Moyen Âge

Stratégie militaire

Au Moyen Âge, à l'exception de Crécy, Bouvines ou Azincourt, il n'existe pas vraiment de grandes batailles. La majorité des opérations militaires consistent à éviter la bataille rangée et l'affrontement en rase campagne. La majorité des conflits ne sont que des escarmouches ou des embuscades (cependant meurtrières), des raids et des opérations relativement courtes mais avec des déplacements relativement longs en raison de la progression lente des armées. Souvent, dans les conflits locaux, il s'agissait de mettre en difficulté son adversaire en l'affaiblissant militairement (perte d'hommes, de matériel...) et économiquement (demande de rançons, destruction des ressources). Ainsi, il était coutume d'engendrer la crainte et la terreur, ce qui explique les sacs, pillages et autres rapines qui touchaient le plus souvent des populations pauvres et innocentes.

La bataille de Crécy (1346)

(Bibliothèque Nationale de France)

(Bibliothèque Nationale de France)

Tactique militaire

Le plus souvent, une armée était une combinaison de cavaliers et d'hommes à pied, ce qui aboutissait à un dispositif assez complexe qui était l'œuvre de grands tacticiens comme Charles le Téméraire par exemple. Il ne faut pas oublier qu'à l'époque, il n'existait pas de cartes d'état-major. Les commandants en chef n'avait une connaissance du terrain qu'en employant des espions ou des guides locaux. L'usage des cartes n'apparaît qu'au cours du XVe siècle pour les opérations terrestres, alors qu'on en employait depuis le XIIIe siècle pour les expéditions nautiques.

La bataille rangée

Refusée la plupart du temps, la bataille rangée était cependant le point le plus culminant de toute campagne. Il existe trois types de combattants au cours des batailles :

La cavalerie montée : Constituée de 3 ou 4 rangs de cavaliers formant une « bataille ». L'ensemble était constitué de petits groupes tactiques appelés « conrois » groupés autour d'une bannière représentant une famille ou un seigneur. On formait alors des blocs de cavaliers et de lances le plus serré possible. Les cavaliers se mettaient lentement en route pour conserver l'alignement, puis accélérant au moment d'arriver sur l'ennemi. Le but était de disperser l'ennemi, pour former des groupes isolés facile à vaincre.

La cavalerie démontée : La tactique était d'attendre l'attaque de l'adversaire. Cela pouvait durer longtemps... Elle était très utilisée par les Anglais, les Français, quant à eux l'appréciaient peu et l'employèrent bien trop tardivement.

L'infanterie : Le corps d'infanterie avait trois dispositifs de combats : en ligne de front sur quelques rangs formant une sorte de rempart ; en cercle très en usage chez les Suisses, employé par les Français à Bouvines ; en bloc comme la bataille en forme de quadrilatère, auquel s'ajoute un triangle d'hommes faisant face à l'adversaire. Une telle formation de 10 000 hommes occupait une surface de 60 m sur 60.

Sièges et places fortes

Les Sièges

La plupart du temps, face à l'arrivée d'une massive armée, la seule solution adoptée est d'aller se retrancher dans une place forte où l'on s'organisera pour soutenir le siège. La guerre de l'époque n'est donc qu'une succession de perte et de reprise de places fortes émaillés par de fulgurantes charges de chevaliers. Si l'attaque échouait, les chevaliers survivants se retranchaient à nouveau derrière les murailles de la place forte. C'est ce que l'on appelle la guerre guerroyante. Les armées se livraient alors à une incroyable partie d'échecs qui consistait à s'emparer des places fortes, car celui qui les dominait, contrôlait tout le fief.

Le siège d'Orléans par Jeanne d'Arc

Le château fort

Le château est le lieu de résidence du seigneur, plus il est imposant et doté de moyens de défense, plus le seigneur affirme sa puissance et sa gloire. Mais c'est aussi un lieu militaire protégeant les biens et habitants du fief. Les premiers châteaux furent des tours en bois établies sur des collines que l'on protégeait par plusieurs palissades et fossés. Vulnérables aux feu et autres armes de jet, la pierre fut utilisée sous l'impulsion de normands. Les premiers donjons en pierre étaient carrés, par la suite on les faisait arrondis pour réduire les angles morts. Puis sous l'impulsion de Philippe Auguste en France, les châteaux devinrent de véritables forteresses. Il devenait alors difficile de s'en emparer. La méthode la plus courante était le siège, on encerclait le château pour le couper des ressources. En manque d'approvisionnement, les assiégés finissaient par se rendre. Cependant le château pouvait contenir une grande quantité de ressources et le siège pouvait durer des années. Il fallait alors passer à la prise du château.

Voir la description intéractive d'un château fort

Les corps d'armées

La cavalerie

Généralement, il y avait trois divisions de cavalerie, la première vague devait enfoncer l'ennemi, le gêner et le disperser, pour que les deux suivantes vagues puissent le mettre en déroute. Les chevaliers, qui étaient l'élite de l'armée obéissait rarement aux ordres, ils combattaient uniquement pour leur gloire personnelle, la victoire n'était qu'au second plan. Parfois, les stratèges mettaient leurs cavaliers à pied à combattre avec les fantassins en renfort, on se plaçait derrière des dispositifs (pieux, tranchées) pour contrer des charges. La bataille de Crécy (1346) montre bien l'indiscipline des chevaliers, les Français qui étaient bien plus nombreux se sont butés face aux archers Anglais qui se retranchaient derrière des pieux, ils étaient appuyés par des chevaliers à pied, et vainquirent les Français. Mais à la fin du Moyen Âge, le rôle de la cavalerie lourde était beaucoup plus réduit, les stratèges avaient compris qu'il ne suffisait pas de charger des troupes d'infanterie bien disciplinées. Les charges dévastatrices étaient encore possible, mais lorsque l'ennemi était en fuite et désorganisé.

Les archers

Pendant le Moyen Âge, il y avait toute sorte d'armes de jet (arc court, arc long, arbalète), l'avantage des archers était de pouvoir tuer l'ennemi sans engager de combat individuel. Très pratiqué dans les temps anciens, l'arme de jet s'oublia au début du Moyen Âge où les chevaliers dominaient les territoires. Le code d'honneur rejetait l'arc, qui est considéré comme l'arme d'un lâche. Mais les archers demeuraient utiles pour les sièges et batailles, ils furent déterminant au cours des batailles d'Hastings (1066) et Crécy (1346). Les archers étaient en formation compacte, leurs flèches pouvaient percer une armure à moins de cent mètres. Les Anglais utilisèrent beaucoup les archers car ils étaient désavantagés lorsqu'ils se battaient hors de leur île. Ils développèrent la tactique du tir de barrage, plutôt que de viser une cible individuelle, ils visaient la zone qu'occupait l'ennemi. Ils pouvaient en outre tirer six flèches à la minute. Les arbalétriers devinrent incontournables dans les autres armées d'Europe, qui bénéficient d'une meilleure précision. Vers le XIVe siècle, les premières armes à feu de poing apparurent aux champs de bataille.

La bataille d'Hastings (1066)

Épisode extrait de la Tapisserie de Bayeux

Épisode extrait de la Tapisserie de Bayeux

L'infanterie

Pendant l'Âge sombre, les fantassins étaient prédominants dans les armées, la tactique était simple, on s'approchait de l'ennemi et on lui donnait de grands coups d'épées. Les Francs lançaient leurs haches avant de se précipiter sur l'ennemi pour briser leurs rangs. L'arrivée des chevaliers éclipsa l'infanterie, qui manquait de discipline et d'entraînement, il s'agissait souvent d'une milice de paysans. Les Saxons et les Vikings utilisaient leurs bouclier en avant pour se protéger des archers et des cavaliers. Les pays vallonnés (Écosse, Suisse) apprirent à utiliser l'infanterie contre l'ennemi, les lanciers et piquiers armés de lances et de pointes pouvaient ainsi mettre en déroute une cavalerie. Les Écossais plaçaient un cercle de lanciers pendant leurs guerre d'indépendance (comme dans le film « Braveheart »). Les Suisses se spécialisèrent avec l'utilisation des piques en réadaptant les formations de phalanges grecques. Pour contrer ces lourdes formations serrées, les Espagnols eurent l'idée d'utiliser l'artillerie, puis chargeait avec une infanterie équipés d'armes légères.

Les informations ci-dessous sont tirées du site www.donjons-de-france.com que nous remercions pour sa coopération.

Les armures

L'armure du soldat

Très vite, on comprit que se défendre du combat était aussi important que porter un coup à l'ennemi. Le terme "armure" n'apparaît qu'au XVe siècle pour désigner les protections en aciers, auparavant on parlait d'harnois ou d'adoubement. Les premières armures étaient faites en cuir, les Grecs et les Romains utilisèrent le bronze. A la chute de l'empire, l'armure disparût, les barbares ne portaient qu'un bouclier et un casque. A l'époque carolingienne, l'armure réapparaît, on plaçait des pièces de métal (écailles, rectangulaires, anneaux) sur une large étoffe, c'est la broigne, utilisée par les Carolingiens et les Normands. Au XIIe siècle, on adopta le haubert (cotte de maille), véritable tissu de métal. Un capuchon de maille et des gants de peaux complétaient parfois l'équipement. Puis, au XIIIe siècle, on complétait la cotte de maille avec des gantelets et des chausses de mailles, on ajoutait ensuite des pièces de fer, car le haubert était vulnérable aux armes de choc (masse, marteau). Puis bras, torse, coudes, jambes furent tour à tour protégés. Au XIVe siècle, il y eut une transition entre la cotte de mailles et l'armure de plates complètes, avant d'être abandonnée par l'apparition des armes à feu.

XIIe siècle - Haubert de mailles long, casque conique à nasalXIIIe siècle - Cotte de mailles complétée de chausses et de gantelets, surcot, heaume cylindriqueXIVe siècle - Gambison et haubert, surcot, cubitières, genouillères et grèvesXVe siècle - Armure de plates complète, gorgerette de mailles et bassinet

Le heaume

Le heaume désigne l'armure de tête, le terme fait son apparition au XIIe siècle, l'utilisation du casque remonte cependant à l'Antiquité. Les améliorations successives du casque consistèrent à couvrir de plus en plus le visage rendant difficile l'identification de son propriétaire. C'est peut-être l'origine de l'Héraldique, la science des blasons. Un épisode très célèbre figure dans la tapisserie de Bayeux, Guillaume le Conquérant enlève son casque pour être reconnu par ses hommes qui le croyait mort. Au Xe siècle, on utilisait le casque conique à protection nasale qui fut importé par les Normands. A partir du XIIIe siècle, pour mieux protéger le visage, on créa un heaume cylindrique enveloppant la tête entière avec des fentes uniquement pour les yeux. Ces heaumes étaient lourds et rendaient la respiration difficile. L'amélioration des techniques de travail du fer permit de revenir à une forme conique sur le dessus du heaume qui protégeait davantage que la forme plate, tout en conservant une protection du visage. Le bassinet, qui apparut vers le début du XIVe siècle améliora considérablement le confort. Il était moins lourd et possédait une visière pouvant être relevée. A la fin du XIVe siècle, le heaume à "tête de crapaud" fait son apparition (utilisé lors des tournois et joutes).

Casque conique avec protection nasale (XIe siècle)Heaume cylindrique à dessus plat (XIIe siècle)Heaume à bassinet (XIIe siècle)Heaume à "tête de crapaud" (XIVe siècle)

L'écu

Le bouclier est la plus courante et ancienne des armes de défense, spontanément, les hommes utilisaient des pièces de bois pour parer les coups. Puis on y installa des attaches destinés à maintenir le bouclier d'une seule main, parfois on y ajoutait une sangle pour reposer le bouclier sur le dos afin de manier des armes lourdes. Les premiers boucliers étaient ronds, mais ce sont les Romains qui adoptèrent les boucliers à bords droits, beaucoup plus efficaces contre les projectiles. Mais au Moyen Âge, les Francs et les Vikings utilisaient plutôt des boucliers ronds recouverts de cuir pour une meilleure rigidité. On appelle écu, le bouclier du Moyen Âge. Dès le XIe siècle, les Normands adoptèrent le bouclier long, arrondi sur le dessus, et se prolongeant pour protéger les jambes. L'amélioration des armures et l'utilisation du cheval contraignit les soldats à employer un bouclier plus petit. A partir du XIIIe siècle, l'écu porte régulièrement les armoiries de son propriétaire ce qui permet de l'identifier. Au XIVe siècle, le bouclier de tournoi, plus petit apparût, il possédait une encoche sur le dessus afin de maintenir la lance. Le pavois fit également son apparition, il s'agissait d'un grand bouclier ovale porté par les fantassins et les arbalétriers, qui le plantaient dans le sol pour se protéger lors du rechargement de leurs armes.

Bouclier Vicking avec l'umbo au centreBouclier Normand du XIe siècleÉcu en V du XIIIe siècle

Les armes

Les armes de corps à corps

L'épée : C'est l'arme la plus utilisée par l'homme d'arme du Moyen Âge. L'époque carolingienne voit s'installer l'épée longue (les Romains utilisaient des épées courtes). Elle devint alors une arme noble et le chevalier lui donnait parfois un nom (Durandal, l'épée de Roland). A la fin du XIIe siècle, la poignée devient plus longue pour être portée à deux mains. On distingue deux types d'épées, lames légères et lourdes qui servent à frapper d'estoc ou de taille (de la pointe ou du tranchant), les chevaliers possédaient souvent les deux types de lame.

La lance : C'est une arme très ancienne, on utilise un long bâton équipé d'une pointe en fer. Au XIe siècle, la lance ne dépassait pas trois mètres, elle servait à charger l'ennemi. On y ajouta une garde d'acier pour protéger la main du chevalier. Au XIVe siècle, on utilisait un crochet fixé sur l'armure afin que le chevalier puisse maintenir la lance sous l'aisselle. La lance fut ainsi plus longue et plus lourde.

Le fléau : C'est un manche de bois muni d'une chaîne métallique sur laquelle est accroché une masse de fer, les Français ne l'utilisaient que très peu. Elle était particulièrement destructrice pour les hauberts, elle fut ensuite rallongée, pour atteindre les cavaliers. La masse était généralement sphérique et armé de pointes. Une variante du fléau : le goupillon possédait plusieurs chaînes garnies de boules à pointes acérés.

La hache : Les peuplades germaniques furent les premiers à utiliser la hache (outil) au combat. Les Francs utilisaient la francisque (hache courte à une lame), qu'ils pouvaient lancer à 3-4 mètres pour ouvrir le combat. Ils utilisèrent plus tard la hache Danoise, longue (1m50) tenue à deux mains. Au XIVe siècle, des haches nouvelles apparurent (hallebarde), pouvant frapper de taille et d'estoc (tranchant et pointe).

La masse : Composée d'un manche et d'une tête garnie de pointes, on l'utilise dès le XIIe siècle. La masse pouvait briser un crâne ou même casser un membre à travers le haubert. Plus tard, la masse était formée d'une série de lames, le manche fut fabriqué en fer pour éviter qu'il se casse.

Le fléauLa hacheLa masseLa hache francisque

Les armes de jet

L'arc : Arme qui date du néolithique, il s'agit d'un bâton de bois courbé avec une corde liée aux extrémités. L'arc composite fut une avancée majeure, améliorée au niveau de la corne et des nerfs. Les flèches devaient avoir une trajectoire stable pour être efficace, généralement peu coûteuses, elles étaient produites en quantité. La taille des flèches dépendait de la difficulté à bander l'arc. L'archer était vêtu légèrement pour pouvoir se mouvoir plus facilement, pour sa survie, il devait disposer d'une arme supplémentaire (couteau, épée).

L'arbalète : Cette arme dérive de l'arc, elle est utilisée dès le Xe siècle. L'arc est posé sur une pièce en bois qui le maintient (arbrier) et d'un mécanisme (noix) qui permet de maintenir la corde tendue, de lâcher la flèche, et de bander l'arc. L'arbalète est plus puissante et précise que l'arc mais sa cadence est plus faible. Les flèches courtes étaient appelés les carreaux (15 à 30 cm). Le pape Innocent II interdit en 1139 l'usage de cet instrument (qui dit-on fut inventé par le diable), mais elle fut employée contre les infidèles lors de la IIIe croisade. Les différentes arbalètes se caractérisent par leur mécanisme :

L'arbalète à croc : tout en maintenant l'arbalète des deux mains, le soldat engageait son pied dans un étrier et tendait la corde en poussant l'arme.

L'arbalète à pied de biche : constituée d'un levier à deux branches, lorsqu'on le basculait, il ramenait deux crochets vers l'arrière qui bandaient l'arc. Elle était beaucoup utilisée par les arbalétriers à cheval.

L'arbalète à moufle : une corde attachée à un treuil était placée à l'aide d'un crochet sur la ceinture du soldat qui en tirant dessus rabaissait le treuil et bandait l'arc, c'est la plus puissante des arbalètes.

L'arbalète à cranequin : constitué d'un tambour rotatif qui sous l'effet d'une manivelle se déplaçait sur une roue dentée à crémaillère. Un stratège chinois inventa au IIIe siècle une arbalète à répétition qui pouvait tirer dix traits en quinze secondes.

ArcherArbalétrier

Sources et liens

Fascicule Soldats de plomb du Moyen Âge (Altaya)

http://jeanmichel.rouand.free.fr/chateaux/armes/armes.htm

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https://medium.com/@histourienbe/5-th%C3%A9ories-sur-le-combat-militaire-dans-la-seconde-moiti%C3%A9-du-moyen-%C3%A2ge-381637ca61e5

L’Histoire militaire a intéressé les historiens depuis les origines de la discipline. Cependant, cette thématique de l’Histoire va de paire avec celle des grands Hommes et, comme à l’époque d’ailleurs, celle-ci peut receler des intérêts qui dépassent la simple objectivité historique. Cette matière, au travers des travaux qui s’y portent et des sources qui nous renseignent à son sujet, est probablement celle qui a le plus été manipulée de par ses implications sur la réputation des partis en présence. De ce fait, le déroulement des faits, le rapport de force, le courage des adversaires varient selon les témoignages et les récits. Qui plus est, notre idéalisation romantique a aussi participé à déformer les faits et à broder des idées préconçues autour. Comme nous pouvons le constater, tous ces facteurs ont contribué à forger une représentation erronée du combat militaire au Moyen Âge et dans ce cadre, certaines images récurrentes sortent du lot.

1. Le fait de faire bloc et le mouvement de l’infanterie

Le stéréotype le plus courant de la guerre médiévale est la charge désorganisée des infanteries ennemies l’une contre l’autre. Découle de cela un chaos innommable sur le champ de bataille. Cette vision résulte de la représentation de peuples barbares que nous nous faisons des gens du Moyen Âge. Or, il apparaît que ce joyeux bordel n’aurait jamais pu aboutir à une bataille cohérente. En effet, sauf dans certains cas rares, une charge forte mais plus ou moins éclatée n’aurait engendré que le massacre de ses auteurs. Les armées médiévales, même celles qui n’en ont pas la réputation, avaient de la discipline et connaissaient la stratégie et la tactique (deux termes qui ne possèdent pas la même signification). Elles faisaient bloc, parfois en plusieurs groupes, mais jamais de manière anarchique. Une charge désorganisée qui se serait confrontée à une armée unie se serait brisée comme l’eau sur un rocher. A fortiori, un homme seul chargeant l’ennemi avait très peu de chance d’ouvrir une brèche dans un front commun ou de survivre. Dans ces conditions, il ressort que les batailles devaient être moins dynamiques et plus lentes que nous l’imaginons aujourd’hui, le but des archers étant alors de forcer l’ennemi à approcher pour engager le combat. Les différentes armées progressaient certainement assez lentement et, il est probable que les mouvements de troupes devaient être plutôt longs. Cette temporalité peut trouver sa parfaite représentation dans le jeu “Medieval Total War” que j’ai déjà mentionné dans mon article “5 jeux vidéos qui ont l’époque médiévale pour toile de fond”.

2. Le mode de combat de la cavalerie contre l’infanterie

Dans le même ordre d’idée et comme je l’avais déjà évoqué dans mon article “5 erreurs récurrentes dans la reproduction du combat médiéval au cinéma et dans la reconstitution historique”, la charge de cavalerie effectuant une percée dans une armée de fantassins entraînés et organisés n’est qu’un mythe. La cavalerie pouvait effectivement jouer un rôle décisif dans les affrontements mais, pour ce faire, elle devait bénéficier de l’effet de surprise. En effet, l’armement des troupes à pied était conçu pour faire face à la cavalerie et, si la peur ne forçait pas la formation à se débander et à tourner les talons, le front d’hommes de pied en position de combat ne craignait pas grand chose face aux seuls hommes d’armes montés. C’est ce qu’a appris à ses dépens la cavalerie française, en 1346, lors de la bataille de Crécy.

Le rôle de la cavalerie pouvait être double : d’une part, en tant qu’unité mobile, elle pouvait intervenir rapidement sur les flancs ou dans le dos des ennemis et, d’autre part, elle avait comme fonction de harceler l’adversaire pour l’épuiser. En outre, une charge une fois effectuée perdait de son inertie quand elle arrivait au contact de la masse de combattants ennemis, ce qui avait pour conséquence de rendre vulnérables les cavaliers. Effectivement, avancés et immobilisés dans les rangs adverses, les hommes d’armes pouvaient assez facilement être jetés à bas de leurs chevaux sans parler des risques que courraient les animaux en eux mêmes. C’est pourquoi, il me semble plus plausible la possibilité de multiplier les charges : au contact de l’ennemi, une fois que la charge commençait à ralentir, il est probable que les cavaliers faisaient faire volte face à leurs montures (mouvement qui se retrouve d’ailleurs, toujours aujourd’hui dans l’entraînement des chevaux de spectacles) et repartaient dans l’autre sens afin de réamorcer une nouvelle charge.

3. La charge de cavalerie contre la cavalerie ennemie

Par contre, dans un affrontement entre deux groupes d’hommes d’armes montés, les modalités du combat devaient changer. Nous avons tous en tête la représentation traditionnelle des joutes équestres dans laquelle des “chevaliers” se font face dans la lice et se courent dessus lance à l’horizontale et bouclier sur le flanc pour parer le coup de l’adversaire. Cela ne s’est pas toujours déroulé comme cela et j’ai de fortes présomptions sur le fait que la manière de jouter pouvait être plus complexe que ce que nous imaginons aujourd’hui. J’y consacrerai probablement un article à part entière. Toutefois, le premier temps des affrontements entre cavaliers sur le champ de bataille devait certainement se passer de cette manière mais en plus grande ampleur (si le rapport de force entre les deux troupes était équivalent).

En effet, il est probable que les deux groupes de cavaliers formaient une ligne plus ou moins longue selon le nombre de combattants présents, les hommes d’armes montés poussaient avec leurs jambes sur leurs étriers afin de caler leur hanches dans le dossier de la selle (plus haut que celui de nos selles actuelles) et , arrivés à proximité de l’ennemi, se lançant au galop, positionnaient leurs lances pour le premier contact. Le but de la manœuvre était de tuer ou de désarçonner le plus de combattants d’en face possible. Une fois les lances plantées ou brisées, les hommes d’armes sortaient les armes plus courtes pour affronter l’ennemi au corps à corps manœuvrant leurs chevaux dans la mêlée. Les animaux aidant, cette dernière pouvait être effectivement plus chaotique. Cependant, nous savons qu’il n’était pas d’usage de se tuer systématiquement entre hommes d’armes. Il devait donc exister un appui d’écuyers ou de valets (mentionnés dans la comptabilité de l’époque) qui prenait le contrôle des prisonniers à rançonner faits par leurs “chefs”. De plus, ces aides de camps devaient certainement intervenir aussi en cas de péril pour ces derniers.

4. Qui étaient les combattants à pied?

Nous imaginons toujours que, traditionnellement, les hommes d’armes, nobles restaient sur leurs montures et que seuls les gens du commun se battaient à pied. Effectivement, cette idée possède un fond de vérité puisque les seigneurs rechignaient volontiers à mettre pied à terre et à se mêler à la “piétaille”. Cependant, il apparaît que, à partir du milieu du XIVe siècle, les hommes d’armes aient tiré les leçons des erreurs de la cavalerie française lors de la bataille de Crécy. Ils se sont rendus compte du fait que la charge de cavalerie frontale ne pouvait atteindre une armée organisée et forte d’un contingent suffisant d’archers armés de longbows (parfois recrutés comme mercenaires dans des armées hors de l’Angleterre). La suprématie de la cavalerie sur le champ de bataille, même si cette dernière avait ses limites auparavant, avait été remise en cause. Les “chevaliers” ont donc du abdiquer de leur superbe pour fouler le sol et prendre place aux côtés des gens de pied. Nous supposons aujourd’hui que ces hommes d’armes, meilleurs combattants, mieux entraînés et mieux protégés, prenaient place en première ligne armés de lances raccourcies et appuyés par une deuxième ligne de lanciers ou piquiers qui pouvaient switcher avec eux en cas de charge de cavalerie et qui avaient la possibilité de porter des coups à l’ennemi de l’arrière de la première ligne. Dans cette configuration de combat, les archers prenaient place sur les flancs de l’infanterie pour harceler l’adversaire de leurs traits. De cette manière, l’armée était mobile et pouvait progresser vers une zone ou vers l’ennemi tout en se protégeant de pavois et de boucliers. Il pouvait aussi demeurer certains hommes d’armes à cheval qui avaient alors pour mission de prendre l’ennemi à revers en contournant ses positions.

5. Survie dans la mêlée : gestion de l’épuisement, de la soif et des prisonniers

Il est important de souligner qu’une bataille médiévale comprenant les mouvements de troupes et l’affrontement à proprement parler pouvait durer jusqu’à une journée entière. Un temps infini pour les combattants qui suent et saignent durant l’affrontement, portant leurs armes et armures. Il suffit d’assister à un béhourd moderne, qui ne dure pas plus de quelques minutes, pour se rendre compte de la difficulté de résister à l’épuisement d’une réelle bataille. Effectivement, les hommes d’armes médiévaux délaissaient leurs jambes d’armures pour avoir plus d’aisance durant le combat à pied et ceux-ci étaient mieux entraînés que nos combattants actuels puisque la pratique de la guerre était leur activité principale. Qui plus est, contrairement aux représentations actuelles de ces batailles, il est clair que les guerriers pratiquaient une méthode de combat rationnelle et allaient à l’essentiel pour en finir le plus vite possible avec leur adversaire direct. Cependant, même dans ces conditions et même pour eux, des heures entières à batailler devaient considérablement les fatiguer.

Il est difficile aujourd’hui d’imaginer comment se déroulait vraiment une bataille au cœur de la mêlée mais quelques théories peuvent apporter des réponses à cette question. Comme nous l’avons précisé, les armées combattaient en rang serrés et le plus fort de l’action devait donc se dérouler dans les premières lignes en contact avec l’ennemi. Toutefois, il est possible qu’il ait existé un système de rotation entre les combattants de premières lignes et ceux des suivantes afin de permettre aux premiers de se reposer un peu. Cette idée a d’ailleurs été mise en image, dans un tout autre contexte, dans le premier épisode de la série “Rome” (créée par John Milius, William J. MacDonald et Bruno Heller) pour les légions romaines. Dans ce cas, le centurion Lucius Vorenus emploie un sifflet pour transmettre l’ordre de changer de ligne. C’est une idée non attestée dans les sources mais qui est assez intéressante dans les faits. Qui plus est, cela pourrait expliquer comment les combattants ennemis capturés au cours de la bataille pour être mis à rançon pouvaient être transférés dans les lignes arrières et comment les soldats du front pouvaient étancher leur soif ou être soignés s’ils avaient été blessés. D’ailleurs, à l’arrière des troupes, il y avait souvent un camps dressé avec le charroi de ravitaillement dont les chariots attachés ensemble servaient parfois de barricade improvisée. C’est probablement dans ce campement qu’étaient détenus les prisonniers de haut rang. Je donne d’ailleurs une représentation de la manière dont, j’imagine, pouvait se dérouler une bataille dans mon récit “Le miroitement des armures”.

Au terme de l’évocation de ces quelques théories sur le sujet, nous pouvons constater que la thématique de la guerre au Moyen Âge recèle encore toute une série d’incertitudes et de questions qui restent en suspens. Quoi qu’il en soit, il s’avère que le combat militaire médiéval nous apparaît comme une pratique bien plus complexe que ce que nous aurions pu imaginer au premier abord. ( fin extrait )

 

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Date de dernière mise à jour : 15/01/2021

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